Publié le 28 juillet 2023
ENVIRONNEMENT
Canicules, océans en surchauffe, fonte de la banquise : revivez le mois de juillet de tous les records en 5 graphs
C'est officiel. Ce mois de juillet 2023 sera le plus chaud de toute l'histoire. Une très large partie de l’hémisphère Nord suffoque sous des chaleurs extrêmes, les océans surchauffent et la banquise antarctique peine à se reconstituer malgré l’arrivée de l’hiver… Voici cinq graphiques pour revivre ce mois de juillet hors normes.

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"L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale". C’est en ces termes que le secrétaire général de l’ONU António Guterres s’est alarmé de la situation. "Et c’est seulement le début", prévient-il. Jour après jour, les records tombent les uns après les autres, sous l’effet combiné du réchauffement climatique, du début du phénomène El Niño et de l’arrivée de l’été dans l’hémisphère Nord.
Les records mondiaux explosés
Source : Climate Reanalyzer
Bien qu'il ne soit pas encore terminé, les experts sont formels : le mois de juillet 2023 sera le plus chaud jamais enregistré dans le monde, a indiqué l’agence européenne Copernicus jeudi 27 juillet, avec une température proche de 17°C, contre une moyenne de référence de 16,3°C sur les 30 dernières années. Le seuil symbolique des +1,5°C a également été dépassé à deux reprises au mois du juillet.
À noter que le 6 juillet dernier a été la journée la plus chaude jamais enregistrée sur le globe, avec une température de 17,23°C en moyenne. Balayant le record établi la veille, le 5 juillet, avec 17,18°C, soit +0,89°C au-dessus de la moyenne 1979-2000.
L’hémisphère Nord suffoque sous les vagues de chaleur
Une vague de chaleur s’est abattu depuis plusieurs semaines sur l’hémisphère Nord. De nombreux records absolus de températures ont ainsi été battus ou presque atteints ces derniers jours : 47,6°C en Sicile (Italie) 45,3°C à Figueras (Espagne) ; 49 °C à Tunis (Tunisie) ; 48,7°C à Alger (Algérie)… Et le bassin méditerranéen n’est pas le seul à suffoquer. En Chine, la station météorologique de Sanbao, à l’ouest du pays, a relevé mi-juillet la température maximale de 52,2°C. Un record pour cette région du monde. Aux États-Unis, le thermomètre a aussi dépassé les 53°C dans la Vallée de la Mort, l’un des endroits les plus chauds du globe.
Selon une étude du World Weather Attribution, ces vagues des chaleurs dans l’hémisphère Nord auraient été "presque impossibles" sans le réchauffement climatique d’origine humaine. Précisant que "la hausse des températures mondiales due à la combustion d’énergies fossiles est la raison principale pour laquelle les vagues de chaleur sont si graves".
La mer Méditerranée en proie à des chaleurs extrêmes
Source : European Union, Copernicus Sentinel-X imagery
Des niveaux jamais vus. Les eaux de la mer Méditerranée ont enregistré lundi 24 juillet leur record de température connue en surface à 28,71°C, selon les scientifiques de l’Institut des sciences de la mer (ICM) de Barcelone. Le précédent record – 28,25°C – datait du 23 août 2003. Il s'agit ici d’une température moyenne, car des mesures à plus de 30°C ont été relevées entre la Sicile et Naples, en Italie.
Selon les chercheurs espagnols, "il est estimé que l’origine de ces vagues de chaleur marine est principalement, mais pas uniquement, atmosphériques". Or, ces hausses de températures ont des conséquences désastreuses pour les écosystèmes marins, comme les coraux, les herbiers de Posidonie, … D'ailleurs, la Méditerranée est considérée depuis quelques années comme l’un des "points chauds" du changement climatique, selon les experts du Giec. La région se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète.
Les océans, également victimes de la canicule
Cet été, les canicules marines touchent près de la moitié des eaux du globe. Selon l’Administration océanographique américaine NOAA, 44% des océans du monde subissent des vagues de chaleur marines en ce mois de juillet. Un record. En juillet, la température mondiale des océans avoisine les 21°C, à 0,1°C du record absolu. Et l’Atlantique Nord est particulièrement touché. Victime d’une canicule persistante, sa température est de 24,5°C, soit 1,41°C de plus que la moyenne historique à cette période de l’année, selon les données de la NOAA.
Et ce phénomène pourrait perdurer jusqu’en septembre, nous a expliqué Raphaël Seguin, écologue marin à l’université de Montpellier. D’après ce chercheur, "on s’attend à ce que 50% de l’océan Atlantique Nord, qui s’étend entre l’Islande et le nord de l’Afrique, soit en situation de canicule marine". Un phénomène qu’il compare à "un incendie sans fumée", annonciateur d’une perte massive de biodiversité et d’aléas climatiques terrestres extrêmes.
La banquise de l’Antarctique peine à se reconstituer
Source : NSIDC
Les pôles non plus ne sont pas épargnés. Après une fonte record en février, la banquise antarctique peine à se reconstituer malgré l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère Sud. Selon les chiffres du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), l’étendue de glace couvrait quelque 14 millions de km2, le 25 juillet dernier, le niveau le plus bas enregistré à date équivalente. D’après l’agence Copernicus, il manquait quelque 2,5 millions de km2 de banquise à la fin du mois de juin, soit l’équivalent de 4,5 fois la France.
Quoi qu'il en soit, une glace de mer réduite risque d’amplifier le réchauffement climatique. La raison ? C’est l’effet albédo. La glace et donc la banquise, renvoie davantage les rayonnements solaires que l’océan, beaucoup plus sombre. Au contraire, ce dernier absorbe plus de lumière et emmagasine plus de chaleur, et empêche de ce fait la glace de se reformer. Il s’agit d’un "événement inédit et inquiétant", a confirmé à l’AFP Jean-Baptiste Sallée, océanographe et climatologue au CNRS. "On est dans quelque chose de jamais vu, avec une banquise qui ne croît pas au rythme naturel. La question, c'est : est-on entré dans un nouveau régime ?", s'interroge-t-il.