Publié le 30 juin 2023
Depuis plusieurs mois, les océans font tomber les uns après les autres les records de température. Et l’Atlantique Nord connaît en ce mois de juin un épisode de canicule marine inédit. Un évènement historique aux importantes répercussions sur la biodiversité et la planète.

Au Canada, les forêts brûlent au point d’inonder l’air de l’Europe du Nord. Mais, sous l’eau, les océans suffoquent en silence. Depuis plusieurs mois, leurs températures de surface ne cessent de grimper, dépassant déjà tous les records précédemment établis.


L’Atlantique Nord, qui s’étend de l’Islande au nord de l’Afrique, est frappé par une canicule marine sans précédent, où les écarts peuvent dépasser jusqu’à quatre ou cinq degrés par rapport à la normale des températures de surface. Comme au large des îles britanniques. Des températures extrêmes annonciatrices d’une perte en masse d’espèces marines et d’aléas climatiques terrestres violents.

Un phénomène inédit et très préoccupant


"Une canicule marine de cette ampleur, c’est du jamais vu", explique à Novethic Raphaël Seguin, biologiste marin à l’Université de Montpellier, pour qui "ce phénomène est même très préoccupant en raison de son intensité, mais surtout de sa précocité dans la saison".


Le 21 juin dernier, la température à la surface de l’eau dans la partie nord de l’océan Atlantique était de 23,3°, soit 1,28° de plus que la moyenne historique (1971-2000) à cette période, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). D’ailleurs, l’agence américaine a classé certaines zones au nord de l’Irlande et à l’ouest du Royaume-Uni en catégorie cinq, "au-delà de l’extrême", soit la catégorie la plus élevée sur l’échelle des canicules marines.
Comment expliquer ce phénomène ? "Plusieurs hypothèses sont avancées", précise Raphaël Seguin, notamment "la réduction du nombre de poussières venues du Sahara". En effet, lorsqu’elles se déposent à la surface de l’eau, elles réfléchissent la lumière du soleil, empêchant ainsi l’océan de se réchauffer. La seconde hypothèse est celle de la réduction des émissions d’oxyde de soufre (SOx) des navires, un aérosol ayant également un effet refroidissant. Pour l’heure, rien n’est encore certain. L’impact du phénomène climatique El-Nino, qui a officiellement commencé au début du mois de juin, est "encore trop peu actif pour avoir une réelle incidence sur l’océan Atlantique nord". 

Un impact sur la biodiversité


Quant aux conséquences, les  chercheurs s’attendent déjà à ce qu’elles soient massives. Notamment pour les herbiers marins, véritable puits de carbone. "Ces derniers vont être soumis à un important stress qui les pousseront à augmenter leur besoin en oxygène pour pouvoir survivre, assure Raphaël Seguin, or une eau chaude est surtout synonyme de moins d’oxygène".
Et bien qu’ "ils s’agissent de véritables incendies sous-marins sans fumée pour nous alerter, nous ne serons pas non plus épargnés, prévient Raphaël Seguin, car les océans sont de puissants réservoirs à phénomènes climatiques extrêmes". Et le chercheur alerte sur le risque d’intensification des orages en France, faisant ainsi craindre, inondations, crues et tempêtes…
Blandine Garot

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