Publié le 23 janvier 2020
ENVIRONNEMENT
Tempête Gloria : l’Espagne subit de plein fouet les impacts du réchauffement et décrète l’urgence climatique
La tempête Gloria qui frappe désormais les Pyrénées orientales et l'Aude, a fait dix morts en Espagne, quatre disparus et des millions d’euros de dégâts. Le pays avait déjà été frappé en septembre par des inondations et des pluies diluviennes. Dans ce contexte, le gouvernement espagnol a décidé de décréter l’urgence climatique et entend rattraper son retard en la matière.

Joseph Lago / AFP
Des vents qui soufflent jusqu’à 144 kilomètres par heure en Catalogne, des vagues de 14 mètres enregistrées aux Baléares, un mètre de neige tombée dans la région de Teruel, des flocons aperçus en Andalousie, l’équivalent de trois mois de pluie enregistrés en 24 heures à Barcelone, des kilomètres de promenades maritimes engloutis, deux mètres de sables perdus par endroits, des centaines d’hectares de rizières inondés dans le delta de l’Ebre, des fermes piscicoles ravagées près de Valence et une épaisse couche d'écume dans les rues de Tossa del Mar.
La côte est de l'Espagne du pays a battu des records historiques et les dégâts se comptent d’ores et déjà en dizaines de millions d’euros. Des infrastructures, des routes, des ponts, des édifices sont à reconstruire. De nombreuses récoltes sont perdues au grand désespoir des agriculteurs. Et les plages catalanes, qui font le bonheur des touristes en été, n’avaient pas subi un tel impact depuis trente ans, assure l’administration.
Bétonisation excessive
"Des épisodes comme ceux-là sont une alerte de la crise climatique qui nous oblige à agir", a déclaré la maire de Barcelone, Ada Colau du parti Podemos. Ironie des événements, la ville vient tout juste de décréter l’urgence climatique. Elle met sur la table plus de 100 propositions et 563 millions d’euros sur cinq ans. L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre du territoire de 45 % d’ici 2030 en supprimant notamment les voitures les plus polluantes du centre-ville ou encore le pont aérien avec Madrid au profit du train.
Le gouvernement espagnol, qui a accueilli la COP25 sur le climat en décembre dernier, a suivi en décrétant à son tour l'urgence climatique en Conseil des ministres mardi 21 janvier. Le pays vise la neutralité carbone en 2050 et 100 % d'énergies renouvelables à cet horizon, mais il a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre de 15 % depuis 1990. Et selon l’Agence de météorologie espagnole, près de 70 % de la population est déjà affectée par le changement climatique, les régions les plus touchées se situant au sud-est de la péninsule ibérique, comme on l’a constaté avec la tempête Gloria.
Le MedECC, un réseau de plus de 600 scientifiques des pays méditerranéens, avait également souligné, dans une étude publiée en octobre, que les épisodes de fortes pluies dans la région pourraient augmenter à terme de 10 à 20 % en raison du changement climatique. Greenpeace Espagne dénonce également la forte bétonisation des fronts de mer : 26 % des côtes catalanes et 23 % des côtes valenciennes se trouvent dans un état dégradé, ce qui les rend moins résilientes face à des épisodes climatiques extrêmes.
Concepcion Alvarez, @conce1