Le pouvoir de blocage des agriculteurs n’est pas proportionnel à leur poids dans la population active : moins de 2% ! En France leur colère inquiète le gouvernement qui a chargé les préfets de nouer le dialogue. Parti de Toulouse où les agriculteurs ont défilé en tracteurs dans les rues et déversé fumier, fruits et légumes dans les rues la semaine dernière, le mouvement continue à bloquer l’A 64 entre Toulouse et Tarbes. Il pourrait s’étendre à l’image des gilets jaunes.
FLASH | « On fait 90h/semaine pour moins de 7.000 euros par an ». Les #AgriculteursEnColère sont en grève depuis plusieurs jours en France et en Europe, et bloquent plusieurs axes dont l’autoroute A64. Ils réclament de meilleurs revenus, entre autres, et un rendez-vous avec… pic.twitter.com/pj7XIGvyEd
— Cerfia (@CerfiaFR) January 20, 2024
Pour tenter de répondre à ce vent intensif de protestation, le gouvernement a annoncé dimanche 21 janvier vouloir reporter l’examen du projet de loi sur l’installation des nouveaux agriculteurs prévu pour ce mercredi 24 janvier. Elle concerne au départ la très préoccupante absence de renouvellement des générations dans une population agricole dont seuls 20 % ont moins de 40 ans et qui a vu disparaître plus de 100 000 exploitations dans la dernière décennie. Marc Fesneau, le Ministre de l’agriculture, a décidé de compléter le projet initial en précisant vouloir “y ajouter un volet de simplification dans les semaines à venir”. Cela inclut pour lui “le raccourcissement des délais administratifs, la simplification des règles et l’arrêt de la surtransposition des normes européennes quand elle menace la compétitivité française.”
Le Pacte vert résistera-t-il aux élections européennes ?
Pourtant l’ambition européenne était forte, en juin 2020, quand Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission annonçait vouloir “diminuer de moitié l’usage des pesticides, promouvoir l’agriculture biologique ou encore placer près d’un tiers des terres et mers de l’Union sous protection”. Elle savait déjà que la Commission n’avait pas les moyens d’imposer ce changement radical, indispensable pour atteindre les objectifs environnementaux de l’Union aux États Membres.
Le spectre des Bonnets rouges
Dans le cas du secteur agricole, dopé aux subventions de la PAC pour mettre en place un modèle d’agriculture intensive tourné vers l’exportation et la monoculture régionale, la transition juste prévue par le Green Deal, est une véritable transformation. Mais les lobbys agricoles sont déterminés à préserver jusqu’au bout le modèle actuel. Christiane Lambert, l’ancienne patronne de la FNSEA, principal syndicat agricole français qui préside maintenant le Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne est l’une de ces porte-parole. Elle a déclaré à l’AFP : “Il y a une surchauffe réglementaire, la Commission européenne veut passer des textes en force avant les prochaines élections européennes”. C’est ce qui provoque selon elle cette “exaspération”.