Publié le 14 décembre 2021
ENVIRONNEMENT
Une exploitation sur cinq a disparu en dix ans : l’infographie qui dresse le portrait de notre modèle agricole
Des exploitations moins nombreuses, plus grandes et en majorité végétales : voici à quoi ressemble notre modèle agricole. Entre 2010 et 2020, la France a perdu 100 000 exploitations et leur taille moyenne a crû de 25 %. Si le bio et les cultures sous labels continuent d'augmenter pour aller vers un modèle plus durable et de qualité, le défi qui se pose désormais est celui du renouvellement avec des départs en retraite qui ne sont pas compensés par les nouvelles installations.

@Pixabay
100 000, c’est le nombre d’exploitations qui ont disparu ces dix dernières années dans l’Hexagone, soit une sur cinq, selon le dernier Recensement agricole publié le 10 décembre. Cette baisse est essentiellement due aux nombreux départs à la retraite d'agriculteurs qui n’ont pas été compensés par les nouvelles installations. Entre 2010 et 2020, la surface dédiée à l'agriculture a toutefois été maintenue et représente 26,7 millions d'hectares, soit près de 50 % du territoire métropolitain. Les exploitations se sont agrandies et représentent désormais 69 hectares en moyenne, soit 14 hectares de plus qu'en 2010 (+ 25%).
"C'est plus de trois fois moins que la taille d'une exploitation aux États-Unis, c'est peu ou prou la même taille moyenne que celle des exploitations allemandes", a assuré Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation pour parer aux critiques. "Nous sommes très loin de l’industrialisation galopante dénoncée par certains", notamment en période électorale, a-t-il ajouté. "Loin des fantasmes, cette étude décennale dresse le portrait d’une agriculture forte, à taille humaine, fondée sur la qualité, durable, si ce n’est la plus durable, contrairement à ce qui se passe en Chine, aux États-Unis ou en Amérique du Sud" a encore déclaré le ministre.
Les élevages en chute libre
Si la baisse des exploitations a de quoi surprendre, cette dynamique est moins forte que lors de la précédente décennie : - 2,3 % par an entre 2010 et 2020, contre - 3 % par an entre 2000 et 2010. Les élevages sont principalement touchés, avec une chute de 31 % sur dix ans. A contrario, les exploitations spécialisées en production végétale ont augmenté de 7 % et sont désormais majoritaires (52 % des exploitations).
Ce recensement montre également que plus d’un tiers des productions agricoles (106 000 exploitations) sont sous "signe de qualité" (labels, Haute valeur environnementale HVE). "La dynamique de la qualité est en marche", fait valoir le ministre. Les exploitations sous HVE représentent 7 % des exploitations et ont été multiplié par vingt en trois ans. Cela s'accompagne de l'essor de l'agriculture biologique qui compte plus de 47 000 exploitations, soit 12 % du total, un taux multiplié par trois en dix ans. Les circuits-courts ont également le vent en poupe et concernent désormais 23 % des exploitations (+6 points en dix ans).
"Le défi démographique est énorme"
L’attractivité se maintient avec 14 000 nouvelles installations par an, un chiffre stable. Mais il faudrait 20 000 installations par an pour compenser les départs à la retraite. "Le défi démographique est énorme", estime Julien Denormandie. Un quart des agriculteurs ont plus de 60 ans, une part en hausse de 5 points en dix ans.
Pour la Confédération paysanne, il s'agit d'un "plan de licenciement silencieux et massif" qui devrait "amener à une réorientation en profondeur des politiques publiques pour soutenir l'emploi paysan", réagit-elle dans un communiqué. "Stoppons l'hémorragie", s'exclame le Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux). Le faible nombre d'installations est lié "à la faiblesse des revenus qui ne permettent pas de vivre décemment de ce métier !", considère le syndicat.
Concepcion Alvarez @conce1