Publié le 22 novembre 2022
ÉNERGIE
Risque élevé de tensions sur le réseau électrique : le point énergie par énergie
Le gestionnaire du réseau électrique RTE a actualisé ses prévisions pour l'hiver. Si celles-ci prévoient désormais une baisse de la consommation d'électricité, elles tablent aussi sur une baisse de la production d'électricité nucléaire. Cela devrait à peu près se compenser. Malgré tout, RTE prévient que le risque de coupure n'est pas exclu, en particulier en janvier. On fait le point énergie par énergie.

@Erika Varga / Pixabay
RTE a actualisé ses prévisions pour l'hiver. Le gestionnaire du réseau électrique estime que c’est désormais le mois de janvier qui concentre le plus de risques, en raison de la réévaluation à la baisse de la production d'électricité nucléaire. Si dans la très grande majorité des situations, RTE n’envisage que quelques signaux Ecowatt rouge (risque de tension ou de coupure), "le risque de coupure ne peut pas être totalement exclu", indique RTE. Un tableau de bord de suivi de la consommation d’électricité, corrigé des variations météorologiques, est publié toutes les semaines depuis la mi-octobre. Il mesure que la baisse de consommation atteint 5 à 7% sur la période s’étendant de début octobre à mi-novembre par rapport à la moyenne 2014-2019. On fait le point sur les différentes sources d'énergie.
Nucléaire : une baisse des prévisions de production
"La disponibilité du parc nucléaire français constitue, pour les prochains mois, le facteur clé de la sécurité d’alimentation en France, rappelle RTE. Le rythme de remise en service des réacteurs actuellement à l’arrêt (dans le cadre des maintenances programmées ou du programme spécifique à la surveillance et la réparation du défaut de corrosion sous contrainte – CSC) est donc crucial". Les dernières prévisions réévaluent à la baisse la production nucléaire. La disponibilité du parc devrait atteindre de l’ordre de 40 gigawatts (GW) au début du mois de janvier, avec un écart de 3 GW par rapports aux prévisions précédentes. Selon RTE, mi-novembre, la disponibilité atteint environ 31 GW, soit plus de 10 GW en-dessous des minimas historiques à cette période de l’année.
Gaz : une réduction de la demande indispensable
Le remplissage des stocks de gaz en France et en Europe a atteint des niveaux extrêmement élevés. Pour les prochains mois, les sources d’approvisionnement se diversifient afin de remplacer les importations de gaz russe, et c’est vers le gaz naturel liquéfié (GNL) que se tourne l’Europe. Mais selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), si l’approvisionnement russe est complètement coupé et si les importations chinoises de GNL reprennent à leur niveau de 2021, "les stockages seraient remplis à moins de 20% en février, en supposant un niveau élevé d'approvisionnement en GNL" et "à près de 5 % en cas de faible approvisionnement en GNL", prévient l'AIE. Une fonte des stocks à de tels niveaux "augmenterait le risque de rupture d'approvisionnement en cas de vague de froid tardive", insiste l'agence dans son communiqué. Pour conjurer ce scénario, l'AIE estime donc que l'Europe devra observer des mesures d'économies "cruciales" pour "maintenir les stocks à des niveaux adéquats jusqu'à la fin de la saison de chauffage".
Charbon : la centrale de Saint-Avold rallumée
La centrale à charbon de Saint-Avold (Moselle), officiellement fermée le 31 mars dernier, a rouvert le 1er octobre "à titre conservatoire et compte tenu de la situation ukrainienne", précise le ministère de la Transition énergétique. Cette centrale a produit de l’électricité ces derniers jours et sera disponible pour la suite de l’hiver. La France n'en a donc pas encore tout à fait fini avec le charbon, énergie la plus polluante, malgré la promesse d'Emmanuel Macron de fermer toutes les centrales au cours de son premier quinquennat.
Hydraulique : des niveaux de remplissage satisfaisants
Alors que la sécheresse avait fortement dégradé la constitution des stocks hydrauliques au cours de l’été, avec des stocks historiquement bas - jusqu’à -10% par rapport aux minimums des dernières années - la tendance s’est inversée. Les stocks ont retrouvé au cours des dernières semaines des niveaux de remplissage satisfaisants, proches des niveaux historiquement observés. Le bon niveau de remplissage des barrages a été favorisé par les conditions climatiques du début d’automne, par des apports pluviométriques plus importants et des températures élevées conduisant à la moindre sollicitation des barrages pour assurer l’équilibre offre-demande. En France, l’hydroélectricité couvre environ 10 % de l’électricité consommée. C'est la première source d’électricité renouvelable et la deuxième source d’électricité après le nucléaire (68%).
Energies renouvelables : le projet de loi d'accélération toujours en discussion
Les députés ont débuté lundi 21 novembre l'examen du projet de loi dédié à accélérer sur les énergies renouvelables en commission. Adopté au Sénat en première lecture début novembre, il vise à rattraper le retard de la France en matière d'éolien et de solaire en levant les "verrous administratifs et de procédures pour diviser par deux le délai de déploiement des projets", a décrit la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher devant les députés. Le texte est attendu dans l'hémicycle de l'Assemblée le 5 décembre. Sans majorité absolue, le gouvernement cherche des alliés pour faire passer ce projet de loi, avant un autre texte sur le nucléaire dans les mois qui viennent.
Concepcion Alvarez @conce1