Publié le 06 juillet 2021
ÉNERGIE
Voitures électriques : les projets d’usines de batteries accélèrent en Europe
Les constructeurs automobiles européens se sont lancés dans la course à la production de batteries électriques. Renault vient d’annoncer deux usines en France, Stellantis en prévoit également deux, l’une dans l'Hexagone, l’autre en Allemagne, tandis que Volkswagen en a six dans les cartons. Avec près de 38 projets qui devraient voir le jour d’ici 2030, l’Europe devrait pouvoir répondre à 90 % de ses besoins de batteries.

@Greg Jongerlynck DPPI
Les projets d’usines de batteries pour véhicules électriques se multiplient en Europe. Pris dans une course à l’électrification de leurs gammes, les constructeurs automobiles européens tentent de sécuriser l’approvisionnement de la pièce maîtresse de leurs futures voitures, afin de ne plus dépendre des sites de production de batteries, largement localisés en Asie. En France, Renault vient ainsi d’annoncer le lancement de deux "Gigafactories" dans les prochaines années, ainsi que la création de Renault ElectriCity, un site dédié à la production de véhicules électriques dans le nord de la France.
Les constructeurs s’associent à des spécialistes du domaine. Renault a noué un partenariat avec le fabricant chinois EnVision AESC pour une usine à Douai (Nord), dont la production commencera en 2024. Elle fournira notamment la batterie de la future Renault 5 électrique, le modèle nostalgique inspiré de l’ancienne petite citadine. Un deuxième projet est annoncé avec la start-up grenobloise Verkor, dans laquelle Renault a pris 20 % du capital. Une ligne de production pilote est prévue pour 2022, une grande usine devant voir le jour en 2026. Ce second site approvisionnera le constructeur pour ses modèles de plus grande taille.
Nissan, le constructeur japonais membre de l’Alliance avec Renault et Mitsubishi, vient lui-aussi d’annoncer la construction d’une Gigafactory, avec le même partenaire que Renault, EnVision. Cette usine sera localisée dans le nord de l’Angleterre, à côté du site de production de voiture de Sunderland. Au total, l’Alliance prévoit de produire jusqu’à un million de véhicules électriques d’ici 2030.
Le groupe PSA, qui a fusionné avec Fiat-Chrysler pour devenir Stellantis, a déjà lancé deux projets d’usines de batteries, avec TotalEnergies. Leur société commune, Automotive Cells Company, prévoit le lancement d’un site pilote à Nersac (Charente) cette année. Deux usines devraient suivre, l’une à Douvrin (Nord) d’ici 2023 et l’autre à Kaiserslautern en Allemagne, avec l’objectif de produire un million de batteries par an d’ici 2030.
38 usines de batteries pour les voitures électriques
Selon l’ONG Transport & Environnement, l’Europe compte aujourd’hui 38 projets de sites de production de batteries électriques, pour un investissement de l’ordre de 40 milliards d’euros. Si les constructeurs français semblent mettre les bouchées doubles pour rattraper leur retard, ils sont néanmoins distancés par les Allemands. Volkswagen, qui ambitionne de dépasser Tesla dans l’électrique, veut participer à la construction de six usines de batteries en Europe d’ici 2030 pour alimenter la production de l’ordre de 5 millions de véhicules électriques.
Deux sont déjà en cours, en partenariat avec la start-up qui monte dans la batterie électrique, le suédois Northvolt. Volkswagen détient une part de 20 % dans le capital de Northvolt et vient de participer à hauteur de 500 millions d’euros dans sa levée de fonds, début juin, de 2,75 milliards de dollars. La jeune société a multiplié les partenariats avec des constructeurs automobiles européens et affirme détenir déjà pour 27 milliards de dollars de contrats avec des constructeurs européens.
Les constructeurs automobiles européens semblent en bonne voie d’atteindre l’autonomie pour la production de batteries. Les projets actuels devraient permettre d’assurer la couverture de 90 % des ventes d’ici 2030. À condition que les ventes de voitures électriques ne fléchissent pas, prévient Transport et environnement. Celles-ci ont décollé de manière retentissante en 2020 et les nombreux projets de nouveaux modèles annoncés par les constructeurs devraient soutenir la demande. Mais l’ONG estime que l’Union européenne doit aussi renforcer les normes d’émissions de CO2 d’ici 2029 si elle veut s’assurer que le véhicule électrique prenne vraiment le pas sur le moteur thermique. Et que les milliards d’euros investis dans la filière ces dernières années ne l’aient pas été en vain.
Arnaud Dumas, @ADumas5