Publié le 29 janvier 2020
[MAJ le 29/01] Alors que le géant des VTC fait face à des scandales à répétition concernant des agressions sexuelles et des usurpations d’identité de la part de ses chauffeurs, il doit aussi faire face à une polémique concernant son impact environnemental. Selon les calculs d’une coalition d’ONG, Uber émettrait autant de CO2 que 250 000 voitures chaque année à Paris et Londres. 

Au départ, l’objectif était de réduire la dépendance aux voitures individuelles et de faire baisser leur nombre en ville pour aller vers une mobilité plus partagée. Mais dix ans après son implantation, force est de constater qu’Uber n’a pas vraiment contribué à réduire la congestion urbaine ni la pollution. C’est ce que révèle une étude (1) publiée par une coalition d’ONG parmi lesquelles Transport & Environment (T&E). Rien qu’à Paris et Londres, le leader des VTC émettrait chaque année autant de CO2 que 250 000 voitures.
"Nous avons établi une forte corrélation entre la hausse de la pollution de l’air, les émissions de CO2 et l’arrivée des VTC, notamment du leader Uber, à Paris et à Londres, explique Yoann Le Petit, expert en mobilité chez T&E. Nous n’avons pas pris en compte les kilomètres évités grâce à Uber car les données que nous avions ne nous ne le permettaient pas, mais selon différentes études, on s’aperçoit qu’Uber remplace majoritairement des trajets qui auraient été faits en transports en commun, en vélo voire à pied."
Intensification du trafic
L’étude démontre même que la plupart des trajets effectués en Uber se terminent dans un rayon de 200 mètres autour d’une station de métro. "L’entreprise et les services similaires intensifient donc le trafic et accroissent le nombre de kilomètres parcourus dans les zones urbaines", alertent les ONG. "Aux émissions de gaz à effet de serre s’ajoute également une pollution aux particules fines, alors qu’en France 90 % des VTC enregistrés sont des véhicules diesel", précisent-elles. Si Uber "veut se montrer à la hauteur des valeurs qu’elle affiche, elle doit réduire à zéro les émissions de ses courses d’ici à 2025 (engagement pris à Londres, ndr)", réclame Yoann Le Petit.  
Le groupe américain compte 3,5 millions d’usagers à Londres, et 2,7 millions en France (selon les données de 2017 et 2018). Il assure, de son côté, "s’engager à aider les gens et les villes à passer d’un mode de transport trop dépendant de la possession d’une voiture individuelle à un avenir où la mobilité est partagée et électrique". "Pour ce faire, nous travaillons activement avec les villes européennes pour améliorer l’accès à des modes de transport propres, sûrs et abordables", fait savoir un porte-parole d’Uber.  
Un sujet à l’agenda des municipales

Selon une étude de 2018 réalisé par le cabinet 6t pour Uber, "l’impact sur le volume de trafic régional est compris entre -0,6 % et + 0,9 % pour l’année 2017". 17% des utilisateurs d’Uber déclarent par ailleurs avoir abandonné (au moins) une voiture sans la remplacer, ce qui aurait permis d’éviter "1,5 à 3 millions de kilomètres en Île-de-France par jour". Uber précise également que les trajets en VTC font en moyenne neuf kilomètres.  
En France, 3 400 véhicules Uber sont à ce jour électriques ou hybrides (Uber Green) sur quelque 30 000 chauffeurs utilisant l’application. La route est donc encore longue. Mais le groupe fait savoir qu’un bonus de 4 000 € est proposé pour passer à l’électrique. Il se targue aussi de disposer d’une multitude d’options de mobilités via son application : Uber Green, Uber Pool pour partager son trajet, vélos et trottinettes électriques, l’option transports en commun et bientôt les scooters électriques Cityscoot.
Les ONG entendent profiter des municipales de mars 2020 pour alerter candidats et électeurs et faire pression sur l’entreprise. À New York, les licences d’Uber et Lyft ont été gelées, des règles pour limiter la circulation à vide instaurées et un péage urbain est en projet. Londres est allé jusqu’à retirer sa licence à Uber (une seconde fois) en raison de l’usurpation d’identité de ses chauffeurs qui ne permet pas de garantir la sécurité des passagers.
Concepcion Alvarez @conce1 
(1) Voir l’étude 

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