Plus ou moins de SUV à Paris ? Les habitants de la capitale sont invités à se rendre aux urnes ce dimanche 4 février pour une votation un peu particulière. Ils devront se prononcer sur la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles "lourdes, encombrantes, polluantes", comme les décrit la Mairie de Paris. Si le "pour" l’emporte, le tarif de stationnement de ces 4×4 urbains très populaires, triplerait pour passer à 18 euros de l’heure dans les onze premiers arrondissements de la capitale et à 12 euros dans les autres.
Lyon quant à elle franchira le pas cet été. La ville, qui se targue d’être la "première dans le monde" à mettre en place un tel système, a dévoilé mardi 30 janvier sa nouvelle politique de stationnement. Les véhicules les plus encombrants de plus de 1 525 kilogrammes, les hybrides rechargeables de plus de 1 900 kg et les électriques de plus de 2 100 kg paieront une tarification majorée de 45 euros par mois, contre 20 euros actuellement.
Les gains de l’électrique annulés
Une façon de répondre au patron de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, qui appelle les autorités à "prendre des mesures, pour aller vers davantage de réglementations". "Cela pourrait prendre la forme d’un régime fiscal différent ou de tarifs de parking plus élevés", détaille-t-il dans Les Échos. Mais pour l’instant, les cas de Paris et Lyon sont isolés alors que la progression des SUV sur les routes augmente de façon vertigineuse.
En France, c’est le type de voiture le plus vendu avec 47% des nouvelles immatriculations pour l’année 2023. Les SUV représentent aussi la moitié des ventes au niveau mondial. Un succès qui annule les gains climatiques obtenus grâce aux véhicules électriques, selon un rapport de Greenpeace publié en fin d’année dernière. Selon l’ONG, les émissions de CO2 provenant de l’usage des SUV de Hyundai-Kia, Volkswagen et Toyota ont totalisé 298 millions de tonnes en 2022, contre 9 millions de tonnes de CO2 évitées par l’utilisation de véhicules électriques de ces mêmes constructeurs.
Des voitures qui envahissent l’espace public
Mais outre ses impacts climatiques, c’est aussi sa place dans l’espace public qui est critiquée alors que la largeur des SUV augmente en moyenne de un centimètre tous les deux ans en Europe, selon une étude de Transport & Environment (T&E) publiée le 22 janvier dernier. La largeur moyenne des nouvelles voitures atteint 180,3 cm au premier semestre 2023, contre 177,8 cm en 2018.
"La taille croissante des voitures a des conséquences concrètes dans nos rues : les gros SUV et les pick-up à l’américaine ne tiennent pas dans les emplacements prévus et empiètent sur les trottoirs ou sur la route. Ils mettent en danger les cyclistes, les piétons, particulièrement les enfants, et tous les autres automobilistes", résume Nicolas Raffin, porte-parole de T&E France.
Parmi les 100 modèles les plus vendus en 2023, 52% excèdent les 180 cm de large. Ce seuil correspond à la largeur standard minimum du stationnement sur voie publique dans les grandes villes, y compris Paris, rappelle T&E. Le poids des SUV est aussi pointé du doigt. Au Royaume-Uni, la British Parking Association (BPA) avait révélé en mars 2023 que les SUV et véhicules électriques représentaient aussi un danger pour la solidité des parkings à étages qui risquent de s’effondrer sous le poids de ces véhicules.
Concepcion Alvarez