Publié le 01 février 2022

ÉNERGIE

L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi renforce sa stratégie dans le véhicule électrique

On la croyait moribonde depuis l’arrestation de Carlos Ghosn. Mais l’Alliance entre Renault, Nissan et Mitsubishi se relance en développant une stratégie commune dans la voiture électrique avec 23 milliards d’euros d’investissement à la clé. Le plan doit s’attaquer aux principaux écueils qui attendent la transition vers le véhicule électrique, notamment la dépendance aux métaux rares nécessaires pour produire les batteries.

Alliance 2030 JDSenard OlivierMartinGambierRenault
Jean-Dominique Senard, président de l'Alliance et président du groupe Renault.
@OlivierMartin-Gambier Renault

C’est autour du véhicule électrique que l’Alliance formée par Renault, Nissan et Mitsubishi reprend de la vigueur. Le scandale autour de l’arrestation de Carlos Ghosn en 2018 avait jeté un froid sur les relations entre Renault et Nissan et menacé un temps leur structure commune. Les trois constructeurs se rabibochent autour d’un plan d’investissement commun de 23 milliards d’euros sur cinq ans visant à électrifier leurs gammes.

La stratégie de l’Alliance consiste principalement à accroître la mutualisation des plateformes sur lesquelles sont bâtis les véhicules, et à renforcer leur capacité de production de batteries. Les trois alliés prévoient, d’ici 2030, de lancer 35 nouvelles voitures électriques à partir de cinq plateformes communes, et d’atteindre une production de batteries de 220 gigawatts heure dans le monde.

L’annonce du plan baptisé "Alliance 2030" intervient peu après les déclarations de Carlos Tavares, directeur général du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, etc.) exprimant sa méfiance vis-à-vis de la marche forcée vers l’électrification de la voiture. Dans une interview donnée aux Échos en janvier, il indiquait que "sans transition progressive, les conséquences sociales seront majeures". Le risque porte notamment sur les usines, tant des constructeurs que de leurs fournisseurs, qui doivent changer de modes de production. Il porte également sur les clients, les voitures électriques étant beaucoup plus chères que les véhicules thermiques. Le patron de Stellantis craint qu’une partie des classes moyennes ne puisse plus s’acheter de véhicule neuf.

Sécuriser les usines françaises

"Aujourd’hui, l’Alliance accélère le rythme pour engager une révolution de la mobilité et apporter plus de valeur à ses clients, ses collaborateurs, ses actionnaires et toutes ses parties prenantes", assure cependant Jean-Dominique Senard, le président de l’Alliance et président de Renault. Il a notamment annoncé l’arrivée de nouveaux modèles dans les usines françaises du groupe, sécurisant au passage leur avenir.

L’usine de Dieppe dédiée à Alpine, la marque sportive de Renault, va ainsi bientôt produire un petit SUV électrique. Un soulagement pour les employés du site, qui était menacé par le plan de restructuration de Renault. D’autres modèles électriques devraient suivre sur le site, le directeur général de Renault Luca de Meo prévoyant de faire d’Alpine une marque 100 % électrique. Même chose pour la remplaçante de la Nissan Micra, qui sera entièrement électrique et sera produite d’ici 2025 dans l’usine ElectriCity de Renault, dans les Hauts-de-France.

Réduire le prix des batteries

Côté prix, l’Alliance travaille sur la réduction du coût des batteries. En la matière, c’est Nissan qui dirige les opérations, la marque japonaise développant une technologie dite "All Solid State Battery" permettant d’en améliorer les performances et le coût. Jean-Dominique Senard annonce ainsi vouloir diviser le prix des batteries par deux d’ici 2030.

Ce plan stratégique risque toutefois de tomber sur un os, au moins pour la production européenne. Pour produire les batteries nécessaires à l’électrification des gammes, l’Alliance aura besoin de quantités importantes de métaux rares (lithium, cobalt, etc.). L’Europe dépend presqu’entièrement des importations pour ces ressources stratégiques et cherche à trouver les moyens de réduire sa dépendance. Le groupe Renault a déjà lancé des initiatives pour y remédier. Une partie de son usine de Flins, désormais dédiée à l’économie circulaire, va travailler sur le réemploi des batteries en fin de vie. Il a par ailleurs signé un partenariat avec Veolia et Solvay pour recycler les batteries et en récupérer les métaux rares.

Arnaud Dumas, @ADumas5


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