Publié le 19 août 2025

Hawaï prévoit de récolter 85 millions d’euros par an en taxant les séjours hôteliers et les bateaux de croisière. Objectif : financer des programmes d’adaptation écologique et de restauration des écosystèmes.

A Hawaï, les touristes seront bientôt taxés pour financer la transition écologique. L’assemblée de l’Etat d’Hawaï aux Etats-Unis, à majorité démocrate, a en effet voté il y a quelques semaines l’instauration d’un “green fee”, une taxe verte visant le secteur du tourisme. Dès 2026, Hawaï va ainsi mettre en place une taxe de 0,75% qui s’ajoutera à la taxe actuelle de l’État sur les chambres d’hôtel, les multipropriétés, les locations de vacances et autres hébergements de courte durée, et une nouvelle taxe de 11 % sur les factures des navires de croisière présents dans les ports de l’Etat. L’objectif est de récolter jusqu’à 85 millions d’euros de recettes fiscales pour financer des mesures de transition écologique, de restauration de la nature et d’adaptation climatique.

“En tant qu’archipel, Hawaï ne peut pas attendre la prochaine catastrophe avant d’agir. Nous devons renforcer notre résilience dès maintenant, et le green fee fournira le financement nécessaire pour garantir la disponibilité des ressources essentielles à notre avenir”, explique le gouverneur de l’Etat, Josh Green.

Lutte contre l’érosion, adaptation climatique, restauration des écosystèmes

Les fonds récoltés devraient permettre à l’Etat d’Hawaï de renforcer sa politique de protection environnementale, et notamment des projets de protection et de restauration des écosystèmes. Hawaï prévoit par exemple un grand plan de réensablement des places de Waïkiki, qui subissent la double menace de l’érosion côtière et de la montée des eaux liées au réchauffement climatique. Le green fee devrait également permettre de financer les opérations de défrichage des herbes invasives, qui se développent un peu partout sur l’île. Des herbes qui, en 2023, avaient été en partie à l’origine des violents incendies qui ont notamment dévasté l’île de Maui. Enfin, les autorités de l’Etat prévoient de renforcer les mesures de prévention et d’adaptation face aux événements météorologiques extrêmes, qui se multiplient à Hawaï comme partout dans le monde avec l’intensification de la crise climatique.

La mesure a été plutôt bien accueillie par les acteurs du secteur du tourisme localement. Mufi Hannemann, président de l’Association d’hébergement et de tourisme d’Hawaï, a ainsi soutenu par communiqué l’annonce de la mise en place du green fee. Pour les acteurs du secteur, la taxe “répond à un objectif clair et précis, sur lequel nous pouvons tous nous entendre : protéger les ressources environnementales d’Hawaï […]. Ces recettes fiscales supplémentaires contribueront à préserver les atouts naturels et culturels qui font d’Hawaï une destination de renommée mondiale et à soutenir les infrastructures du premier moteur économique de notre État.”

L’industrie du tourisme hawaïenne en première ligne

Pour Hawaï et pour son industrie touristique, la crise écologique représente un véritable défi. Le tourisme, qui représente près d’un quart du PIB de l’archipel, est largement dépendant des qualités des écosystèmes locaux, qui attirent chaque année près de 10 millions de visiteurs. Or ces écosystèmes sont à la fois menacés par le surtourisme et par la crise écologique qui frappent massivement l’Etat. L’archipel subit en effet de plein fouet les différentes menaces liées à la crise climatique : érosion, montée des eaux, hausse des températures, acidification des océans, dégradation des récifs coralliens et de la biodiversité marine, événements météorologiques extrêmes, incendies…

Face à cette crise, l’Etat cherche encore un moyen de s’adapter. En juin dernier, l’Autorité hawaïenne du tourisme, critiquée pour ne pas avoir anticipé la transition vers un modèle de tourisme plus soutenable, a vu ses fonctions et sa gouvernance profondément modifiées par le gouverneur Josh Green. Ce dernier dit vouloir sortir l’archipel de la dépendance au tourisme de masse et allier développement du tourisme et protection des écosystèmes. Un chantier qui pourrait s’avérer difficile pour ce territoire en pleine transition.

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