Kate Calvin, scientifique en chef et conseillère principale sur le climat de la Nasa, a été licenciée lundi 10 mars dans le cadre de “l’optimisation des effectifs” réclamée par Donald Trump. Deux semaines plus tôt, alors que le GIEC organisait sa 62e conférence à Hangzhou en Chine, la scientifique et co-présidente du groupe 3 pour le prochain rapport s’était vue interdire de faire le voyage. Mais le cas de Kate Calvin est loin d’être unique : la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) a perdu 10% de ses 12 000 employés sur fond de croisade antiscience du gouvernement américain.
Coupes budgétaires, licenciements, mots proscrits ou encore données effacées des sites gouvernementaux… En quelques semaines seulement, le président des États-Unis a multiplié les offensives contre tout ce qui a trait de près ou de loin au climat, à la protection de l’environnement et à la santé publique, mettant à mal des années de lutte contre le changement climatique, qu’il considère comme un “canular”. Ce n’était un secret pour personne, mais la rapidité et l’ampleur des efforts déployés par Donald Trump pour démanteler la politique climatique sont sans précédent, et surtout incomparables à son premier mandat.
Une croix sur le fonds pertes et dommages
Au-delà du retrait de l’Accord de Paris le jour même de son investiture à la Maison-Blanche, Donald Trump a mis en œuvre une série de mesures susceptibles d’avoir de lourdes répercussions dans la lutte contre la crise climatique. La dernière en date, et non des moindres, est la sortie des États-Unis, vendredi 7 mars, du fond sur les pertes et dommages. Créé à la suite de la COP28 sur le Climat à Dubaï en 2023, ce fonds vise à dédommager les pays en développement à la suite de catastrophes causées par le changement climatique.
Les États-Unis, l’un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, s’étaient engagés à verser un peu plus de 16 millions d’euros. À ce jour, seuls 27 pays ont fait des promesses de contribution. Selon l’ONG 350.org, cette décision des États-Unis porte “un coup fatal” à la possibilité de contenir le changement climatique, tout en créant “un précédent dangereux”. “Quatre milliards de dollars pour le Fonds vert pour le climat ont aussi été annulés”, a indiqué le site Carbon Brief.
Les JETP, c’est fini
Quelques jours plus tôt, Donald Trump est également revenu sur l’une des mesures mises en place lors de la COP26 de 2021 : les partenariats pour une transition énergétique juste (JETP) signés avec l’Afrique du Sud, l’Indonésie et le Vietnam. L’objectif de ces accords est d’aider financièrement ces pays à sortir du charbon via des modèles énergétiques décarbonés. À ce titre, les États-Unis avaient promis un milliard de dollars de prêts non concessionnels et 56 millions de dollars de subventions.
L’Allemagne a qualifié de “regrettable” la décision américaine de quitter ces partenariats. Cependant, le secrétaire d’État allemand Jochen Flasbarth a assuré que le travail des JETP “pouvait être poursuivi avec succès”. En effet, 12 milliards de dollars sont toujours engagés par les autres nations partenaires, dont notamment la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.
Les ODD aux oubliettes
Cette dernière annonce est passée sous les radars de ce côté de l’Atlantique. Les États-Unis ont annoncé, le 7 mars dernier, rejeter les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Le pays s’était engagé en 2015, sous la présidence de Barack Obama, à atteindre d’ici 2030 ces nouveaux objectifs mondiaux, notamment sur les questions de l’éradication de la pauvreté, l’égalité des sexes ou encore la lutte contre le changement climatique. Selon le représentant des États-Unis au Conseil économique et social des Nations Unies, Edward Heartney, “bien que formulés dans un langage neutre, ils proposent un programme de gouvernance mondiale souple qui n’est pas compatible avec la souveraineté des États-Unis et qui va à l’encontre des droits et des intérêts des Américains”.
“Le président Trump a également opéré une correction de trajectoire claire et attendue sur l’idéologie du ‘genre’ et du climat, qui est omniprésente dans les ODD”, a ajouté ce diplomate. En réaction, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a quant à lui déclaré que les 193 États membres de l’ONU, qui avaient voté en 2015 pour les ODD, avaient convenu de travailler ensemble pour mettre en œuvre l’Agenda 2030, qui est “la voie pour combler les divisions, restaurer la confiance et renforcer la solidarité”.
Et loin de vouloir s’arrêter là, Donald Trump est revenu, mercredi 13 mars, sur plusieurs avancées environnementales adoptées par son prédécesseur, Joe Biden. Parmi les mesures annoncées, il entend annuler une règle exigeant des centrales à charbon qu’elles éliminent la quasi-totalité de leurs émissions de CO2 via des technologies de captage, sous peine de fermeture. Par ailleurs, l’administration Trump désire revenir sur une série de normes concernant les émissions polluantes des automobiles qui devaient entrer en vigueur en 2027. Elle compte également redéfinir le périmètre de la loi sur les eaux propres, le “Clean Water Act”, qui interdit de déverser des polluants dans les eaux navigables des États-Unis.