Effacer le changement climatique à coup de décrets. Donald Trump ne s’est pas contenté de retirer – une seconde fois – son pays de l’Accord de Paris dès son investiture. Depuis un mois, il multiplie les attaques contre tout ce qui a trait au climat, à la protection de l’environnement mais aussi aux politiques de diversité et d’inclusion.
Parmi ses premières décisions, Donald Trump a par exemple signé un décret pour interdire les programmes diversité, équité et inclusion et il a supprimé le programme de la NASA, destiné à la surveillance de la Terre. Il a aussi fait retirer des sites fédéraux au moins 8 000 pages web mentionnant des sujets désormais interdits, touchant au changement climatique, à l’environnement, à la biodiversité ou aux études de genre. Toutes ces pages affichent désormais “Error 404, page not found”. Et certains mots comme “climat”, mais aussi “femmes” sont à bannir des articles scientifiques qui voudraient obtenir des subventions.
Financements sabrés
Ce n’est pas tout. Lors de son premier Conseil des ministres depuis son retour au pouvoir, le président américain a annoncé vouloir réduire d’au moins deux tiers les effectifs de l’Agence américaine de protection de l’environnement. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et le National Weather Service (qui en dépend) sont aussi sur la sellette, avec des centaines de licenciements annoncés.
En outre, de nombreux financements ont été sabrés, notamment les fonds de l’USAID, une agence de développement qui représente 42% de l’aide humanitaire dans le monde. L’ONG française Action contre la Faim a annoncé vendredi 28 février devoir fermer 50 projets dans 20 pays à la suite de la décision de l’administration américaine. De son côté, l’Unicef estime que des millions d’enfants sont déjà affectés, notamment à Haïti.
Donald Trump a également annulé le financement fédéral américain destiné aux projets internationaux de lutte contre le changement climatique, qui s’élevait à quelques 11 milliards de dollars en 2024, soit environ 10% du financement public mondial annuel. Un coup dur qui risque de retarder les efforts visant à accroître la résilience des pays les plus touchés.
Dernière polémique en date, le nouveau patron de l’agence de l’environnement EPA, Lee Zeldin, un proche de Donald Trump, lui aurait recommandé de réécrire “la doctrine de 2009”. Celle ci indique que six gaz à effet de serre dont le dioxyde de carbone et le méthane sont “dangereux à la fois pour la santé publique et le bien-être des générations actuelles et futures”. Elle sert de base à toutes les régulations pro-climat aux Etats-Unis. De quoi détricoter encore plus facilement les normes environnementales du pays…
“Une attaque contre la science partout dans le monde”
Face à ces attaques massives, la sidération commence à laisser la place à la résistance. Des particuliers et des organisations contestent devant les tribunaux certaines des mesures prises par l’administration Trump. Jeudi 27 février, un juge a ainsi ordonné au gouvernement des Etats-Unis d’annuler les licenciements signifiés dans un certain nombre d’agences fédérales. Une première lueur d’espoir.
Un éditorial publié dans la revue de référence Nature le 25 février appelle également la communauté scientifique mondiale à prendre position contre ces attaques, rappelant qu’“une attaque contre la science où qu’elle se produise est une attaque contre la science partout dans le monde”.
Quelques jours auparavant, l’Académie des sciences française a publié un communiqué dans lequel elle se dit “très préoccupée”. Une prise de position publique assez rare de la part de cette institution. Elle estime que cette “censure” va “priver les processus de décisions individuelles et collectives de l’éclairage des recherches scientifiques et des rapports d’organismes spécialisés comme le GIEC“. “L’impact sur les générations futures, sur la biodiversité et la santé de la planète va se révéler catastrophique. Les dégâts causés en si peu de temps seront beaucoup plus longs à réparer”, ajoute-t-elle.
Les scientifiques mais aussi les citoyens sont invités à participer à une journée de mobilisation organisée dans chaque ville universitaire de France le 7 mars prochain en écho à la journée “Stand-up for science” initiée aux États-Unis. “L’objectif est clair : défendre les sciences et les humanités, la liberté académique et l’université comme piliers d’une société démocratique”, annoncent les organisateurs.