Green-got, Hélios, OnlyOne… Les néobanques vertes ont commencé à s’installer dans le paysage bancaire il y a à peine deux ans en promettant à leurs clients que leurs dépôts d’argent seraient utilisés de manière transparente pour financer la transition écologique. La Banque postale a décidé de s’inspirer de ces initiatives en lançant sa première carte bancaire à impact, une carte qui permet de flécher l’argent des particuliers vers des projets verts. La banque espère ainsi donner un coup de jeune à sa clientèle.
Une étude auprès des clients et des prospects de la banque a en effet montré qu’une demande réelle existait pour ce type de produits. “Nous voulons cibler des clients sensibles aux enjeux environnementaux, qui sont engagés et qui connaissent le fonctionnement de la banque. Il s’agit en général d’une clientèle assez jeune“, souligne Meggie Dauvilliers, responsable marketing comptes bancaires à la Banque postale. La banque s’est associée avec le WWF pour construire sa nouvelle offre et pour garantir que celle-ci aurait un impact sur le monde réel.
Financer les projets de restauration de la biodiversité
La Banque postale promet ainsi à ses clients écolos de financer la transition de deux manières. D’abord avec la carte en elle-même, qui coûtera plus cher qu’une carte bancaire classique. L’étude a révélé que 60% des 18-34 ans se disaient d’accord pour payer un peu plus cher leur carte si cela permettait de financer une association. Les clients qui voudront l’obtenir devront payer 5 euros par an de plus par rapport à leur offre bancaire traditionnelle, cette somme étant entièrement reversée au WWF. L’ONG utilisera cet argent pour financer ses projets de protection et de restauration de la biodiversité.
Ensuite, au moyen des dépôts sur leurs comptes bancaires, qui seront entièrement dédiés au financement de projets verts. La banque veut en fait les flécher vers le financement de la rénovation énergétique des logements, qu’elle finance au travers de crédits bancaires spécialisés. “Il s’agit de prêts immobiliers ciblés sur du logement ancien, sur lequel nous avons établi un scoring d’impact qui montre un pilier environnemental faible. Nous finançons les clients qui font de la rénovation énergétique pour améliorer ce score“, explique Mickaël Raoul-Vignal, responsable transformation ESG à la Banque Postale.
Maîtriser le risque de greenwashing
Cette stratégie d’impact sera par ailleurs validée tous les ans par un organisme tiers indépendant, qui aura pour mission de s’assurer que les promesses de la banque sont bien tenues. “Il s’agit pour nous de contrer et de maîtriser le risque de greenwashing, confie Mickaël Raoul-Vignal. Nous avons voulu des pratiques de marchés comme celles des Green bonds.” La banque communiquera ensuite tous les ans à ses clients les projets ayant été financés au moyen de leurs dépôts bancaires.
Mais à la différence des néobanques vertes, qui s’engagent sur l’intégralité des dépôts de leurs clients, la Banque postale a dû s’imposer des limites pour pouvoir fournir des crédits de rénovation énergétique en toute sécurité. Seuls 100 000 clients pourront ainsi demander une carte à impact, pas plus. “Nous avons calibré l’offre par rapport à ce qu’il nous était possible de faire en matière de crédit immobilier à impact“, explique Meggie Dauvilliers.
La Banque postale se rapproche ainsi un peu plus des banques au modèle alternatif, qui se sont multipliées ces dernières années. La Nef, véritable pionnière des banques éthiques, a même obtenu son agrément bancaire cette année et prévoit à terme de permettre l’ouverture d’un compte courant. Une stratégie qui semble fonctionner. La Banque postale se trouve parmi les cinq banques conseillées par le site “change de banque”, opéré par Reclaim finance.