#Balancetonadditif, voilà le nouveau message porté par Yuka auprès des géants de l’agroalimentaire. L’application nutritionnelle qui dévoile aux consommateurs les impacts sur la santé et l’environnement des produits qu’ils achètent, vient de lancer une nouvelle option visant à pousser les industriels à abandonner les substances controversées utilisées dans leurs recettes. Depuis le 19 novembre, une nouvelle fonctionnalité offre en effet la possibilité aux utilisateurs français et américains d’interpeller directement un fabricant lorsque l’un de ses produits contient un additif considéré à risque.
Identifiés par une pastille rouge dans l’application, ces additifs sont au nombre de 55 sur les 330 aujourd’hui autorisés dans l’Union européenne. Ils rassemblent notamment des colorants dont la consommation peut engendrer des effets indésirables sur l’attention des enfants, des conservateurs comme les nitrites accusés d’augmenter les risques de cancers colorectaux, des émulsifiants qui favoriseraient le développement de maladies cardiovasculaires, mais aussi des édulcorants tels que l’aspartam classé comme “possiblement cancérogène pour l’être humain”.
Name and shame
Après avoir scanné un produit contenant l’un de ces composants, deux options sont offertes aux consommateurs : envoyer un mail prérédigé au service client de la marque et/ou interpeler celle-ci publiquement via un post sur le réseau X (anciennement Twitter) accompagné du hashtag #Balancetonadditif pour lui demander de retirer ces additifs de leurs recettes. “Nous ne sommes pas de simples consommateurs, nous pouvons aussi être de véritables acteurs de changement. Et nous sommes en droit d’exiger des marques que notre santé passe au premier plan, avant leurs intérêts financiers”, affirme Julie Chapon, la co-fondatrice de Yuka, dans un communiqué.
Cette stratégie de “name and shame“ devrait concerner dans un premier temps 15 000 produits alimentaires mis sur le marché par 1200 marques, parmi lesquelles Coca-Cola, Heinz, Kellogg’s, Herta ou encore Lay’s. Par la suite, la fonctionnalité pourra être déployée dans la douzaine d’autres pays où l’application nutritionnelle est disponible, comme l’Italie, l’Allemagne et le Canada, et être élargie aux produits cosmétiques. “Les choses n’évoluent pas assez vite et de nombreuses marques tardent à supprimer ces substances problématiques, avance l’entreprise dans un communiqué. Avec cette nouvelle fonctionnalité, Yuka souhaite ainsi redonner le pouvoir aux consommateurs afin d’accélérer les choses.”
Plusieurs victoires
L’application, qui comptabilise à ce jour 22 millions d’utilisateurs en France, a déjà quelques victoires à son actif. En juin 2023, la cour d’appel de Paris a par exemple donné raison à Yuka face à la Fédération des industriels charcutiers traiteurs au terme de deux ans de procédures, reconnaissant son droit à alerter sur les risques pour la santé provoqués par la consommation de nitrites. Condamnée à trois reprises pour “pratiques commerciales trompeuses” et “dénigrement”, toutes les requêtes portées par les industriels à l’encontre de l’entreprise ont finalement été rejetées.
En permettant aux consommateurs de faire des choix éclairés, l’application pousse en outre les industriels de l’agro-alimentaire à améliorer la composition de leurs produits. En 2019, Intermarché indiquait modifier plus de 900 recettes afin de retirer 142 additifs de ses marques distributeurs. “Cette application est vraiment rentrée dans les usages et deux tiers des Français, en voyant les résultats, ont abandonné une marque ou un produit. Cela nous oblige aujourd’hui à nous prendre en main et à être très responsable”, expliquait alors Thierry Cotillard, président d’Intermarché. Et pour cause : une mesure d’impact menée en 2019 auprès de plus 200 000 utilisateurs révélait que 95% d’entre eux avait arrêté d’acheter des produits contenant des additifs controversés grâce à Yuka.