Publié le 25 juin 2025

Les alertes sur le cadmium se multiplient. Issu de la pollution industrielle et de l’usage d’engrais phosphatés dans l’agriculture, ce métal lourd s’accumule dans nos sols et nos aliments. Face au risque sanitaire qu’il représente, plusieurs pistes sont évoquées pour réduire notre contamination.

Ce qu’il faut retenir :

  • La polémique enfle. Au travers d’une lettre ouverte publiée début juin, les organisations de médecins libéraux ont alerté le gouvernement sur les impacts du cadmium sur la santé. Présent dans les engrais phosphatés utilisés dans l’agriculture, ce métal lourd s’accumule dans les plantes et se retrouve dans un grand nombre d’aliments du quotidien, comme le pain, les pâtes, les céréales du petit-déjeuner, le chocolat ou encore les pommes de terre.
  • Les Français sont particulièrement touchés. Selon plusieurs études, leur contamination a doublé entre 2006 et 2016, passant de 0,29μg/g à 0,57μg/g. La situation est encore plus inquiétante chez les enfants qui montrent une contamination jusqu’à quinze fois supérieure que les Danois du même âge. Problème, le cadmium est accusé de provoquer des maladies osseuses, des affections rénales et des troubles de la reproduction. Classé cancérogène certain, il est notamment suspecté de participer à l’explosion des cancers du pancréas ces trois dernières décennies. Face à la controverse, le gouvernement a annoncé le remboursement à l’automne des tests de dépistage du cadmium pour les patients à risques en médecine de ville.
  • Mais pourquoi nos sols sont-ils aussi pollués ? Le cadmium provient d’une part de “l’activité industrielle des XIXe et XXe siècles qui a contaminé tous les sols de France et d’Europe”, explique à Libération Thibault Sterckeman, chercheur à l’Inrae. Aujourd’hui, cette pollution est renforcée par l’usage d’engrais phosphatés dans les cultures hexagonales, dont une grande partie provient du Maroc où les minerais de phosphate contiennent de très fortes teneurs en cadmium. Un risque reconnu par la Commission européenne qui a fixé à 60 mg/kg les seuils de cadmium autorisés dans les engrais en juillet 2022, avant une nouvelle baisse à 20 mg/kg prévue en 2034. C’est d’ailleurs la dose maximale préconisée depuis 2021 par l’Anses.
  • D’autres pistes sont évoquées afin de limiter notre contamination, à commencer par la consommation de produits issus de l’agriculture biologique. Ils seraient en effet moins touchés par ce polluant, affichant des teneurs 48% inférieures. La sélection par les agriculteurs de céréales et légumes accumulant moins le cadmium pourrait également réduire les risques. Les industriels, de leur côté, n’ont à ce jour pas pris la parole sur cette problématique sanitaire. Contactés par Novethic, ils n’ont pas souhaité répondre à nos questions.
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