Publié le 13 avril 2024

Neom ne sera pas le seul projet pharaonique de l’Arabie saoudite. En quelques semaines, le royaume a détaillé la construction d’un parc d’attraction “Dragon Ball”, d’un complexe touristique pétrolier et d’une ville dédiée aux divertissements. Un investissement massif dans le tourisme dont l’impact environnemental pose question.

Quelques jours seulement après le décès d’Akira Toriyama, créateur de “Dragon Ball”, l’annonce a agité les fans du monde entier. Le 22 mars dernier, l’Arabie saoudite a dévoilé un nouveau chantier colossal : la construction prochaine d’un immense parc d’attraction dédié à l’univers du célèbre manga. Délimité en sept zones, comme les sept boules de cristal de l’œuvre, il comprendra notamment trente attractions, plusieurs hôtels thématiques et de nombreux restaurants. Au centre, une montagne russe tourbillonnant autour d’un dragon complètera le décor luxuriant du site. Une vision qui contraste résolument avec les montages arides bordant le parc.

Car le projet prendra place au beau milieu du désert, à Qiddiya, une ville entièrement consacrée aux divertissements. Située près de Riyad, cette métropole prévoit d’accueillir près de 50 millions de touristes chaque année. A quelques encablures du parc d’attraction “Dragon Ball”, devraient ainsi sortir de terre un centre aquatique, un terrain de golf, un stade flambant neuf, ou encore un circuit de sports mécaniques ultra-futuriste. Annoncé début mars, le site “conçu pour accueillir les plus grands championnats internationaux” comprendra une section surélevée à 70 mètres de haut, surplombant une scène de concert. Un tracé “révolutionnaire” selon les promoteurs du projet.

Célébrer l’héritage pétrolier

Si Qiddiya Investment Company promet de respecter “les politiques de l’Arabie saoudite en matière de durabilité environnementale et les conventions internationales”, peu d’éléments sont néanmoins partagés quant à l’utilisation des ressources en eau, les impacts sur la biodiversité de la construction d’une telle ville au milieu d’un espace naturel ou encore l’empreinte carbone du projet. “On peut se permettre d’émettre des doutes sur le respect des objectifs climatiques affichés par l’Arabie saoudite lorsque l’on voit le lancement d’un tel chantier. C’est totalement en inadéquation”, fait valoir Ana Missirliu, experte en politique climatique du Moyen-Orient, interrogée par Libération.

Pour autant, le royaume ne s’arrête pas là. Quelques semaines auparavant, l’Arabie saoudite présentait le plan d’ensemble d’un complexe touristique construit sur des plateformes pétrolières. Ici aussi, le projet semble monumental : 800 chambres, onze restaurants, une salle de spectacle, un centre de plongée, un surf park, une tyrolienne, des montagnes russes… La liste des attractions est sans fin. Sous le nom de “The Rig”, la structure qui souhaite “célébrer l’héritage du long patrimoine pétrolier et gazier” du pays, sera uniquement accessible par hélicoptère et par bateau.

Un développement frénétique

Bien que le projet s’adosse à des plateformes offshores existantes, cela ne sera pas le cas pour l’ensemble du complexe qui nécessitera donc de nouvelles constructions. A nouveau, les promoteurs, dont fait partie le Fonds public d’investissement d’Arabie saoudite, indiquent sans plus de détails suivre “les normes internationales les plus strictes, afin d’atteindre un ensemble d’objectifs, notamment maximiser l’impact positif sur l’environnement (…) et opérer de manière responsable.” Des engagements opaques qui laissent planer le doute sur l’impact réel du site, qu’il s’agisse de sa construction ou de son usage.

Présentés coup sur coup à grand renfort de vidéos partagées sur les réseaux sociaux, ces projets viennent s’ajouter à une longue liste de constructions aussi démesurées que controversées, dont Neom est la plus emblématique. Au-delà de leur empreinte environnementale et sociale, ils participent par ailleurs à diffuser une vision du tourisme profondément fondée sur le consumérisme. Pourtant, le royaume semble bien décidé à poursuivre ce développement touristique frénétique. Et pour cause : il contribue à la mise en œuvre de “Vision 2030”, le plan de transformation économique de l’Arabie saoudite lancé par le prince héritier Mohamed Ben Salman. Une stratégie qui vise à réduire la dépendance du pays au pétrole, alors qu’il reste aujourd’hui le premier exportateur d’or noir dans le monde.

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