Publié le 25 mars 2024

Les appels à parler d’Europe et à élire des parlementaires porteurs d’un nouveau souffle pour le Green Deal se multiplient sans que cela change la nature de la campagne, à la fois très terne et très nationale. Face à la montée dans les sondages de l’alliance de droite et d’extrême droite pro agriculture intensive, un collectif d’experts et d’intellectuels viennent de signer une tribune dans les principaux grands journaux européens pour un nouveau Pacte Vert.

Nous ne nous résignons pas au lent détricotage de l’ambition environnementale européenne”. Tel est le titre de la tribune signée par un collectif qui compte parmi ses signataires Bertrand Badre, président de la fondation Parc, David Djaïz co-auteur de “La révolution obligée” ou encore Thierry Pech, le directeur de Terra Nova. Elle a été publiée dans Le Monde mais aussi dans d’autres grands journaux européens le 20 mars dernier. Ces intellectuels européens ne veulent pas se “résigner au triple déclassement écologique, productif et géopolitique” qu’annonce le déclin de l’ambition du Pacte Vert, adopté en 2019 par une large coalition.

Ils déplorent qu’il soit en train de “devenir le bouc émissaire des extrêmes droites et d’une partie des droites conservatrices contre les politiques environnementales”. Pour eux, le Green Deal souffre de trois faiblesses qu’ils proposent de combattre. La première est de se résumer à un catalogue de normes sur la consommation des ménages et des entreprises pour atteindre les objectifs climatiques que s’est fixée l’Union Européenne. La seconde est d’être en contradiction avec d’autres textes dont les accords de libre-échange que combattent vigoureusement les agriculteurs européens. Enfin la transition juste reste à construire. L’augmentation constante de la précarité face à une inflation galopante dans les Etats membres reste un facteur de troubles sociaux récurrents comme le montrent les crises agricoles du moment.

Trois idées pour tout changer

Fort de ces trois constats, les auteurs de la tribune proposent de passer à l’attaque avec un Pacte Vert renouvelé. Première idée : lancer un “renouveau productif” pour promouvoir l’agro-écologie, l’industrie vraiment verte et les services écosystémiques. Deuxième idée : créer un “pass climat” pour les classes moyennes et populaires. Ce financement qui concernerait tous les Européens avec des montants variables selon leurs revenus et leur habitation, servirait à accompagner leur transition en termes de rénovation thermique des logements et de transformation des modes de transport. L’argent serait apporté par une contribution de solidarité de toutes les fortunes de plus de dix millions d’euros. Troisième idée : changer de méthode en remplaçant l’écologie des “normes complexes fédératrices de colères diverses, par une écologie de contrats, négociés territoires par territoires et filière par filière“.

Grand paradoxe du moment, les propositions de refonte du Green Deal ne sont pas portées par les candidats, conscients de la progression dans les opinions publiques d’un mouvement anti-verdissement et du rejet d’un Green Deal pas encore vraiment entré en fonction. Ces experts espèrent attirer l’attention sur le Pacte Vert pour en faire un axe de la campagne qui n’a toujours pas vraiment démarré. Seul sujet dominant, les baromètres des sondages qui, les uns après les autres, mettent Jordan Bardella du RN en tête des intentions de vote. Il sera en ce sens intéressant de suivre le débat organisé par Change Now mercredi 27 mars. Le grand rendez-vous des solutions a décidé d’organiser en clôture de son événement à Paris, “le premier débat réunissant toutes les têtes de liste avec au moins 5% des intentions de vote entièrement dédié à la transition écologique et sociale”. Les affirmations des uns et des autres seront vérifiées en direct grâce à une cellule de fact checking.

Si l’évènement dont France Info est partenaire, a l’impact attendu, alors l’espoir que la campagne des Européennes ne répète pas le scenario calamiteux des campagnes présidentielles et législatives de 2022, où le changement climatique et l’urgence à agir ont occupé une portion congrue, est permis. Il y a cinq ans la prise de conscience était pourtant déjà là de l’importance qu’il faut donner à ces priorités. Les électeurs français avaient placé en tête le RN avec 23% des voix et 23 sièges, devant Renaissance avec 22,4% et  23 sièges aussi. Les Ecologistes étaient en troisième position avec 13% des voix et 13 sièges. Sur les 79 sièges à pourvoir avec 35 listes déposées, seuls trois autres partis avaient obtenu des députés : l’Union de la droite et du centre, LFI et la liste emmenée par Raphaël Glucksmann. Le paysage politique a changé, les crises environnementales et sociales se sont aggravées, les paris sur ce que vont décider in fine les électeurs sont donc largement ouverts. En revanche, faire de ces élections un référendum citoyen pour mesurer le soutien des Européens au Pacte Vert ou pas, semble relever de l’utopie.

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