Qu’est-ce qu’une économie décarbonée : définition

Une économie décarbonée est un système économique capable de fonctionner et de produire de la richesse sans émettre de dioxyde de carbone ou d’autres gaz à effet de serre additionnels. On parle aussi d’économie neutre en carbone, ou d’économie net zéro carbone. L’objectif principal est de limiter le réchauffement climatique et ses conséquences néfastes en transitionnant vers des sources d’énergie et des modes de production plus durables et respectueux de l’environnement. Il faut toutefois noter qu’actuellement, aucune économie dans le monde n’est décarbonée, et qu’atteindre une économie décarbonée reste un défi dont la possibilité questionne encore les experts et scientifiques.

Économie décarbonée, bas carbone ou net zéro : plusieurs définitions

On peut définir une économie décarbonée de plusieurs manières, selon le niveau d’émissions de gaz à effet de serre et le périmètre étudié. Le terme d’économie décarbonée regroupe l’ensemble des modèles et des systèmes économiques qui vise à baisser significativement les émissions de gaz à effet de serre et en particulier les émissions de dioxyde de carbone. On peut aussi parler d’économie bas carbone. Mais on emploie parfois des termes plus précis, comme le terme d’économie neutre en carbone ou d’économie net zéro carbone. Ces derniers renvoient à l’idée d’une réduction globale des émissions de carbone à des niveaux qui ne dépassent pas la capacité des systèmes économiques considérés à absorber les émissions résiduelles (par des puits de carbone naturels des écosystèmes ou ou les puits de carbone artificiels). Il n’y a alors pas d’émissions aditionnelles dans l’atmosphère et on parle de neutralité carbone, voire de neutralité climatique.

Les principes d’une économie décarbonée

Il n’existe à ce jour pas de consensus précis pour guider la transition vers des économies décarbonées. Les leviers à mettre en oeuvre pour parvenir à des économies bas carbone sont en effet variables d’un système économique à l’autre, et il existe à ce titre plusieurs manières d’organiser la planification économiques, industrielle et financière pour diminuer les émissions. Toutefois, on peut identifier quelques grands principes permettant de faire la transition vers une économie décarbonée :

Transition vers les énergies renouvelables ou bas carbone : en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz naturel au profit des sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, ou des énergies bas carbone comme le nucléaire, on peut réduire les émissions de carbone d’un système économique. C’est l’un des piliers de ce que l’on appelle la transition énergétique.

Amélioration de l’efficacité énergétique et la sobriété : il s’agit de réuire la consommation d’énergie en améliorant l’efficacité énergétique des bâtiments, des transports et des processus industriels. Grâce à l’innovation, on peut mettre en oeuvre des processus qui utilisent moins d’énergie pour produire le même résultat économique. Mais il est aussi fondamental d’organiser la sobriété énergétique, afin de réduire les consommations énergétiques inutiles et d’organiser le système économique vers de moindres besoins énergétiques. Par exemple : utiliser les transports en commun plutôt que les transports individuels permet de réduire la consommation énergétique des transports.

Développement des transports plus durables : encourager l’utilisation des transports en commun, du covoiturage, de la marche et du vélo, ainsi que le développement de véhicules électriques ou à hydrogène est une autre manière de contribuer à la transition énergétique globale, au carrefour de l’efficacité énergétique, de la sobriété énergétique.

Transformation des industries : adopter des pratiques de production plus durables, utiliser des technologies propres et favoriser l’économie circulaire ou l’économie de la fonctionnalité pour réduire les émissions de GES dans les processus industriels permettrait de réduire les émissions de nombreuses industries.

Politiques et réglementations environnementales : mettre en place des politiques, des réglementations et des incitations économiques telles que les taxes carbone, les subventions aux énergies propres et les normes d’émissions permettrait d’encourager la transition vers une économie décarbonée.

Est-ce vraiment possible ?

Mettre en place une économie décarbonée nécessite une action coordonnée des gouvernements, des entreprises, des organisations internationales et de la société civile. Cela implique des investissements massifs dans les technologies propres, des changements dans les politiques énergétiques et environnementales, ainsi que des efforts de sensibilisation et d’éducation du public.

Toutefois, la possibilité d’un découplage complet entre émissions de gaz à effet de serre et croissance économique, condition d’une économie bas carbone reposant sur les mêmes principes que l’économie contemporaine, reste controversée dans les milieux scientifiques. En effet, bien que des progrès aient été réalisés dans le développement de technologies propres et d’efficacité énergétique, certaines industries et secteurs économiques, comme les transports et l’agriculture, peuvent être plus difficiles à décarboner. Par exemple, l’aviation est un secteur qui ne parvient toujours pas à réduire ses émissiosn de façon significative, et les investissements dans l’avion à hydrogène ou les carburants de synthèse durables (SAFs) ne tiennent actuellement pas leurs promesses. Des technologies de pointe et des investissements massifs sont nécessaires pour réaliser un découplage significatif dans ces domaines, et il n’est pas certain que l’on y parvienne dans les temps pour lutter contre le réchauffement climatique, si l’on y parvient. De nombreuses économies restent ainsi fortement dépendantes des combustibles fossiles pour leur croissance économique. Le passage à des sources d’énergie renouvelables peut être coûteux et nécessiter des ajustements structurels importants dans l’économie.

Ensuite, les gains d’efficacité énergétique ou les réductions des émissions dans un secteur peuvent être compensés par une augmentation de la consommation dans un autre secteur ou par une croissance économique accrue, annulant ainsi les bénéfices du découplage. C’est ce que l’on appelle l’effet rebond, et il est fréquent dans des économies dérégulées où la recherche de la croissance est centrale. Ainsi, l’économie mondiale étant interconnectée de manière complexe, et les décisions prises dans un pays pouvant avoir des répercussions sur les émissions de GES à l’échelle mondiale, certaines décisions permettant de réduire localement les émissions de gaz à effet de serre peuvent les augmenter ailleurs. Par exemple, la délocalisation de la production vers des pays avec des normes environnementales moins strictes peut entraîner une augmentation des émissions à l’échelle mondiale. Surtout, les intérêts économiques établis et les résistances politiques peuvent entraver la mise en œuvre de politiques environnementales ambitieuses nécessaires pour réaliser un découplage significatif des émissions de GES et de la croissance économique.

Aussi, atteindre une économie réellement décarbonée reste un défi global. Bien que le découplage complet puisse être difficile à atteindre, des progrès peuvent être réalisés grâce à des politiques énergétiques et environnementales efficaces, à l’innovation technologique et à une prise de conscience croissante de l’urgence climatique. Cependant, il est important de reconnaître que le découplage total est difficile à atteindre et que des stratégies de sobriété et d’adaptation doivent également être mises en oeuvre pour faire face aux changements climatiques, comme le rappelle régulièrement le GIEC.