Publié le 23 janvier 2024

Une nouvelle étude menée par Airparif et Île-de-France Mobilités permet de visualiser les stations de métro et de RER les plus polluées du réseau de transport francilien. Trois stations dépassent notamment les seuils de concentration de particules fines fixés par l’Anses. Une pollution sur laquelle les associations et les syndicats alertent depuis maintenant plusieurs mois.

Prendre les transports en commun parisiens, un danger pour la santé ? Pour la première fois, une cartographie précise des stations de métro et de RER les plus concernées par la pollution de l’air a été dévoilée. Réalisée à l’initiative d’Île-de-France Mobilités (IDFM) avec l’appui d’Airparif, elle révèle des taux élevés de concentration de particules fines, pouvant favoriser des difficultés ou maladies respiratoires. Pour mener à bien cette étude, des mesures ont été prises sur 44 quais du réseau de transport francilien, a minima pendant une semaine. Ces données ont par le suite été comparées aux “seuils proposés par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) en matière de qualité de l’air”, explique Airparif.


Résultat, trois stations, Belleville, Jaurès et Oberkampf, affichent une concentration de particules fines PM10 dépassant les 480μg/m3, soit le seuil maximum recommandé par l’Anses à partir d’une heure d’exposition. Parmi les autres stations étudiées, 31 affichent un “niveau moyen” de concentration de particules fines PM10 et dix un “niveau faible”. Aucun chiffre sur les particules PM2,5, plus fines et plus nocives, n’a pour l’instant été communiqué. “Les PM10 sont des particules grossières qui ne pénètrent pas profondément dans l’organisme comme les PM2,5”, déplore Tony Renucci, président de l’association Respire.

Inquiétude des salariés

Il regrette également le choix du seuil de 480μg/m3, en-dessous duquel rien ne permet d’assurer que l’air est sain. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande quant à elle un taux maximum de 140μg/m3, mais cela concerne l’exposition à l’air libre. “Cette carte constitue une base de travail qui est amenée à évoluer (…) d’ici le mois de juin 2024”, précise cependant Airparif. Cette cartographie vient par ailleurs complémenter une autre étude réalisée pour l’émission de télévision “Vert de Rage” en mai 2023. Bien que contestée par la RATP, cette dernière mesurait alors des taux de PM2,5 cinq fois plus importants que les recommandations de l’OMS.

Une alerte loin d’être nouvelle. En 2021, l’association Respire portait déjà plainte contre la RATP, la soupçonnant de dissimuler à ses usagers un taux de particules fines anormalement élevé. La procédure a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête pour “mise en danger d’autrui”. L’impact de la pollution inquiète également les salariés de la régie des transports. Ces derniers mois, les syndicats Solidaires et FO ont respectivement saisi le tribunal administratif de Paris et envoyé un courrier à l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne, appelant à la mise en place de “toutes les mesures nécessaires pour permettre la purification de l’air et rétablir des seuils acceptables.”

Risque de surpollution

De son côté, Sophie Mazoué, responsable développement durable pour le groupe RATP, estime que “les travaux communiqués par Airparif et IDFM ne reflètent pas l’exposition des voyageurs ni des salariés” et qu’il convient de disposer des données dans les rames également. Mais pour Jean-Félix Bernard, chercheur au CNRS et ancien président d’Airparif, la surpollution est une donnée essentielle à prendre en compte. “Les seuils hauts établis pour cette carte partent du principe qu’il n’y a pas de pollution extérieure. Qu’il n’y aurait que dans le métro qu’on respire des particules. Alors que ce n’est pas le cas, elles se cumulent avec l’air extérieur”, explique-t-il auprès du Parisien.

Pour améliorer la qualité de l’air dans les stations les plus polluées, IDFM compte demander aux opérateurs la mise en place d’un plan d’action. À noter qu’une enveloppe de 57 millions d’euros a déjà été attribuée à la RATP, permettant l’installation de plusieurs centaines de ventilateurs dans les stations franciliennes. IDFM a aussi demandé de déployer “le plus rapidement possible un système qui réduit les émissions de particules fines générées au moment du freinage des trains”. Aujourd’hui, seuls les métros de dernière génération disposent d’un freinage électro-magnétique, non émetteur de particules fines.
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