Publié le 7 octobre 2023
Inondations, tempêtes, sécheresses… Toutes ces catastrophes naturelles induites par le changement climatique ont provoqué le déplacement de 43,1 millions d’enfants dans le monde de 2016 à 2021, alerte l’Unicef. Soit l’équivalent de 20 000 enfants déplacés par jour.

Des millions d’enfants déracinés, c’est l’une des conséquences peu médiatisées du changement climatique. "En six ans, les catastrophes liées au climat ont entraîné 43,1 millions déplacements internes d’enfants dans 44 pays", soit "environ 20 000 déplacements d’enfants chaque jour", alerte le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef) dans un rapport publié vendredi 6 octobre.
Ce rapport constitue la première analyse mondiale relative au nombre d’enfants ayant été contraints de quitter leur foyer en raison d’événements climatiques extrêmes. Près de 95 % de ces déplacements sont liés à des inondations ou à des tempêtes. Et ce phénomène est amené à s’amplifier avec l’aggravation du changement climatique.

Un chiffre "largement sous-estimé"


Pour l’une des autrices du rapport, Laure Healy, "c’est seulement la partie émergée de l’iceberg". En s’appuyant à la fois sur les données de l’Observatoire des situations de déplacements internes (IDMC) et les données démographiques des pays concernées, l’Unicef a tenté de quantifier le nombre d’enfants déplacés. Toutefois, les auteurs ont conscience que "cette étude comporte des limites" et que le chiffre avancé de 43,1 millions est "largement sous-estimé". Cela s’explique par plusieurs raisons, dont le fait que "les déplacements imputables à des phénomènes à l’évolution lente, tels que les sécheresses, sont probablement très largement sous-estimés", tout comme le nombre "grandement" sous-estimé de déplacements d’enfants liés à des évacuations préventives.
Ce rapport met également en lumière la vulnérabilité de certaines régions. Parmi les 44 pays cités, les Philippines, l’Inde et la Chine sont les trois pays ayant enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants, respectivement 9,7 millions, 6,7 millions et 6,4 millions. Une vulnérabilité qui s’explique notamment par leur très large population et donc leur très grand nombre d’enfants, mais aussi par leur situation géographique plus en proie aux évènements climatiques extrêmes, et enfin par leurs meilleurs plans d’alertes et d’évacuations. Néanmoins, ce rapport pointe aussi l’extrême fragilité de l’Afrique et des petits états insulaires. L’île de la Dominique a ainsi vu 76% de ses enfants déplacés à la suite de tempêtes tropicales. Une part qui s’élève à plus de 30% à Cuba et Saint-Martin et à 25% au Vanuatu, où 34 000 enfants ont été déplacés lors du cyclone Harold en 2020.

Un appel à agir à la veille de la COP 28


Et ces déplacements vont s’amplifier dans les années à venir en raison de l’aggravation des aléas climatiques. Selon l’Unicef, en se basant sur le modèle de prédiction de l’IDMC, les inondations à elles-seules pourraient être responsables de 96 millions de déplacements d’enfants dans les 30 prochaines années. Les vents cycloniques pourraient quant à eux être à l’origine de 10,3 millions d’enfants déplacés et les submersions marines liées aux tempêtes de 7,2 millions. Mais ce sont encore une fois des chiffres certainement sous-estimés en raison des évacuations préventives, prévient l’agence onusienne.
Alors, à la veille de l’ouverture de la COP 28, qui doit se tenir en novembre à Dubaï, l’Unicef appelle les dirigeants de la planète à se pencher sur la question de la protection des enfants face aux aléas climatiques et à passer à l’action. Car pour Laura Healy, il faut préparer ces enfants, y compris ceux déjà déracinés, "à vivre dans un monde où le climat a changé".
Blandine Garot avec AFP

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