Pisse-mémé, une aventure entrepreneuriale et solidaire
Tout commence par une soirée à refaire le monde. Réunies autour d’un verre, quatre amies rêvent d’ouvrir un lieu associatif pour le moins original. Imaginez : un bar, proposant tout autant de la bière, que de la tisane et des gâteaux, où l’on pourrait acheter des livres et faire du yoga. Son nom, lui, est déjà tout trouvé : Pisse-mémé. Mais ce que Marie, Nora, Camille et Marthe ne savent pas encore, c’est qu’un héritage surprise va leur permettre de donner vie à ce projet alternatif. Une aventure entrepreneuriale qui nous projette dans le quotidien des quatre quarantenaires, avec ses hauts et ses bas. Inégalités, mal-être au travail, charge mentale… Cati Baur signe un roman graphique feel-good et coloré qui n’oublie pas de souligner les attentes et les difficultés qui émaillent le parcours de vie de ces femmes.
Pisse-mémé, Cati Baur, Dargaud, 2023, 120 pages – le conseil de Florine Morestin
“Le chien qui voulait voir le Sud”, une épopée canine pleine d’espoir
Tamon, un chien errant, part à la recherche de son jeune maître qu’il a perdu depuis qu’un tsunami a dévasté sa région. Au fil de son voyage de cinq ans en direction du sud du Japon, il se fait recueillir par de multiples personnages cabossés – malfaiteur, prostituée, chasseur -, que son intelligence et son affection aident à guérir. Tamon ne se laisse pourtant jamais adopter, poursuivant sa quête une fois réparées les âmes perdues qu’il a croisées. La compassion sans jugement apportée par ce chien errant transforme les vies, montre le pouvoir de la connexion entre les êtres frappés par la catastrophe. Le roman est signé par Seishû Hase, un auteur japonais plutôt habitué des polars, qui a remporté le prix Naoki en 2020.
Le chien qui voulait voir le sud, Seishû Hase, éditions Picquier, février 2023, 288 pages – le conseil d’Arnaud Dumas
“No carbon”, bienvenue dans l’ère sans carbone
Dans ce nouvel ouvrage, l’anthropologue Fanny Parise, spécialiste de l’évolution des modes de vie, explore le concept de tabou carbonique. Au même titre que l’inceste, le cannibalisme ou le meurtre, les émissions de carbone élevées se retrouveraient au rang de tabou universel, accepté de tous. Les contraintes liées à la transition écologique seraient ainsi peu à peu adoptées, loin du seul système capitaliste. Fanny Parise imagine dès lors une cohabitation de modèles allant du capitalisme responsable à la décroissance en passant par la société post-agraire. Dans cet ère No carbon, la valeur n’est plus déterminée par “la rareté des ressources et la quantité de travail nécessaire à la production de biens“, mais est “un phénomène social et culturel, enraciné dans les relations humaines et les significations attribuées aux objets“. Une façon réjouissante d’aborder les contraintes écologiques.
No carbon, apprivoiser nos contraintes pour garantir notre avenir, Fanny Parise, éditions Payot, octobre 2023, 336 pages – le conseil de Concepcion Alvarez
La famille Han, l’histoire d’une (dès)intégration
Comment s’émanciper du poids des traditions quand on est une jeune femme américaine fille aînée d’immigrés coréens ? Comment calmer le feu intérieur animé par l’histoire des parents, la désillusion de l’American Dream, les sacrifices d’une génération ? Celles et ceux qui ont lu ce roman-fleuve se demanderont peut-être pourquoi cette œuvre se retrouve au milieu de lectures recommandées pour l’espoir qu’elles génèrent. Et pourtant, tout au long de ces 826 pages, Casey Han porte en elle les contradictions de beaucoup d’enfants d’immigrés. Car Casey et ses parents n’ont pas les mêmes rêves. Quand l’une veut intégrer la haute-société new-yorkaise, les autres ne pensent que sécurité financière et mariage. Comment ne pas décevoir les parents tout en réalisant ses propres rêves ? Un écho puissant et nuancé qui résonnera sans doute chez toutes les lectrices et lecteurs.
La famille Han, Min Jin Lee, éditions Charleston, 2023, 832 pages – le conseil de Marina Fabre-Soundron
L’Iris blanc, ou la grande démission des légionnaires
Et si les légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petitbonum étaient touchés par la Grande démission ? Si eux aussi voulaient trouver un sens à leur travail comme ces millions d’Américains qui ont lâché le leur après la pandémie de Covid-19 ? Le nouvel album des aventures d’Astérix réalise un saut périlleux mais réussi dans les problématiques sociétales du XXIème siècle. La bienveillance s’est installée dans le village gaulois, remettant en cause toutes leurs traditions, du sanglier rôti qui désormais “bouche les artères” aux blagues grivoises pas assez #MeToo friendly. Les Gaulois réfractaires, comme le disait Emmanuel Macron, vont-ils résister au changement ? On vous laisse le découvrir dans ce 40ème album signé Fabcaro pour le texte et Didier Conrad pour le dessin.
L’Iris blanc, Fabcaro, éditions Albert René, octobre 2023, 48 pages – le (2e) conseil de Marina Fabre-Soundron
La rédaction