La composition du gouvernement du nouveau président du Chili, Gabriel Boric, était très attendue. Dévoilée le 21 janvier, elle n’a pas déçu. Alors que le portefeuille des Finances revient à Mario Marcel, le président de la Banque centrale, sans étiquette mais lié au Parti socialiste, c’est le choix du ministère de l’Environnement qui a marqué un évènement. Gabriel Boric a en effet nommé Maisa Rojas, climatologue et co-autrice du dernier rapport du Giec, le groupe d’experts intergouvernement sur l’évolution du climat.
"C’est un peu comme si, en France, la climatologue Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe 1 du Giec entrait au gouvernement", écrit sur Linkedin la journaliste spécialisée Juliette Nouel. Sur Twitter, la nouvelle ministre a remercié le président pour sa confiance. "J’assume le poste de ministre de l’Environnement pour travailler pour un gouvernement qui fait face à la crise climatique : la crise de l’eau, la mise en œuvre de la loi sur le changement climatique, le service de la biodiversité et des aires protégées et les "zones sacrifiées" feront partie des priorités".
Quiero agradecer la confianza del Presidente Electo, Gabriel Boric. Asumo el cargo de ministra Medio Ambiente a trabajar por un gobierno que enfrenta la crisis climática: crisis hídrica, implementar ley CC, SBAP y trabajar x zonas de sacrificio serán algunas de las prioridades
— Maisa (@Maisa_Rojas) January 22, 2022
Des leaders des manifestations lycéennes au gouvernement
Izkia Siches, première femme à prendre la tête de l’Ordre des médecins en 2017, a été nommée ministre de l’Intérieur. Agée de 35 ans, comme Gabriel Boric, cette chirurgienne a participé activement à la gestion de la pandémie. Le ministère des Affaires étrangères revient à Antonia Urrejola, une avocate de 53 ans qui a présidé la Commission interaméricaine des droits humains. Une autre femme est nommée à la Défense : Maya Fernandez, une petite-fille de l’ex-président socialiste Salvador Allende (1970-1973) renversé par le coup d’Etat du général Augusto Pinochet.
Deux anciens leaders étudiants et députés, Giorgio Jackson et Camila Vallejo, qui avaient pris la tête des manifestations lycéennes en 2011 au côté de Gabriel Boric pour réclamer une "éducation publique, gratuite et de qualité", sont nommés respectivement secrétaire général de la présidence et porte-parole du gouvernement. Tous deux feront partie du Comité politique, un cabinet composé des plus étroits collaborateurs du président. Y participeront également Izkia Siches, qui avait pris la tête de la campagne du candidat Boric pour le deuxième tour de la présidentielle, et Mario Marcel.
Le nouveau chef de l’Etat a par ailleurs nommé d’autres membres du centre-gauche, au-delà de sa coalition initiale qui comprend notamment le Parti communiste et ne compte que 24% des sièges à l’Assemblée nationale. "Il s’agit de consolider une coalition parlementaire qui soutienne le président", a souligné auprès de l’AFP Marcelo Mella, professeur de sciences politiques à l’université de Santiago.
Le gouvernement, marqué par une forte pluralité politique et une majorité de femmes, prendra ses fonctions le 11 mars. "Nous devons dialoguer et beaucoup écouter. Ecoutez deux fois plus que vous ne parlez", a lancé le chef de l’Etat au futur gouvernement.
La rédaction avec AFP