Combien de cris d’alarmes, de tentatives de suicides, de morts et de blessés dans des affrontements entre bandes rivales faudra-t-il pour sonner le réveil ? Les signaux qu’une partie de la jeunesse française sombre sont de plus en plus forts. Ce risque social, intégré dans l’ESG (risques sociaux, environnementaux et de gouvernance), ne semble pas pris à sa juste mesure. Il se mesure au collège où les adolescents qui ont 14 ou 15 ans dévissent massivement de cinq points de moyenne sans que l’indicateur ne soit consolidé au niveau national.
Le baromètre de confiance dans l’avenir, établi par le magazine L’Étudiant, BVA et Orange permet d’avoir une idée de l’ampleur du malaise. 74 % des 2 000 jeunes de 15 à 20 ans interrogés connaissent une baisse de motivation et 71 % ont l’impression de décrocher à cause de la crise sanitaire. Cette menace incertaine qui pèse sur leur avenir à court et long terme est aggravée par la tonalité du débat politique où les Républicains accusent le gouvernement d’échec sécuritaire face à la "guerre des bandes".
"Prenez d’assaut le monde académique"
Or les 110 professionnels de la jeunesse signataires d’une tribune publiée par France Info soulignent la nécessité de faire d’abord de la prévention et d’établir le dialogue. Pour eux, "ces jeunes ont avant tout besoin d’être écoutés, valorisés, accompagnés, de percevoir qu’un avenir est possible pour elles et eux dans la société, et ceci grâce à un étayage par des adultes rassurants et repérés."
Même constat mais remède différent proposé par Christophe Revelli et Xavier Hollandts, deux professeurs de Kedge Business School qui lancent un vibrant appel à la jeunesse dans une tribune publiée par Marianne. Ils regrettent qu’elle soit si peu écoutée alors que sa mobilisation est indispensable pour accélérer l’indispensable transition vers une économie durable. "Puisqu’on ne vous écoute pas, relevez la tête et prenez d’assaut ce que l’on refuse de vous accorder y compris dans le monde académique", disent-ils aux étudiants.
Leur conseil : "Soyez les leaders, managers, penseurs et acteurs qui permettront d’élaborer notre arsenal d’armes de construction massive pour grimper le mur qui nous attend". Les messages de ces tribunes seront-ils entendus ? Il faut l’espérer pour que la France soit en capacité de proposer aux jeunes d’acquérir avec enthousiasme toutes les compétences dont le pays aura tant besoin dans les années à venir. Cela ne peut se résumer à l’application du masque et du respect zélé des gestes barrières.
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic
Publié le 10 mars 2021
Plusieurs adolescents sont morts en France dans des affrontements entre bandes. Plus de 70 % des jeunes de 15 à 20 ans se disent démotivés et en phase de décrochage à cause de la crise sanitaire. Ce naufrage est un risque majeur pour eux et pour l’avenir de la société tout entière pour lequel la réponse sécuritaire est inadaptée. Deux tribunes, l’une des spécialistes de l’éducation, l’autre de professeurs d’école de commerce, viennent rappeler qu’il faut leur dessiner un avenir, le plus durable possible.
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