Publié le 26 novembre 2018
[Actualisé à 17h] Lors de la COP21 puis du premier One Planet Summit l’an dernier, le groupe Axa s’est positionné en leader du secteur des assurances sur la lutte contre le changement climatique. Un an plus tard, après avoir absorbé XL, grand acteur de l’assurance américain, le groupe annonce l’extension de ses engagements en termes de désinvestissement du charbon et sables bitumineux. Insuffisant selon Les Amis de la Terre

Un an après avoir pris une longueur d’avance sur ses concurrents en matière de lutte contre le changement climatique, Axa veut montrer qu’il tient toujours la corde. À l’occasion d’une séquence finance climat qui s’ouvre cette semaine à Paris, le groupe annonce l’extension de ses engagements pris sur le désinvestissement du charbon et des sables bitumineux, ainsi que sa politique en matière de polices d’assurance. Elle est élargie à l’ensemble de son périmètre, en particulier à l’assureur américain XL, acquis en septembre dernier et qui pèse 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
En 2015, en amont de la COP21, Axa annonçait son désinvestissement des entreprises dont le charbon constituait 50 % ou plus de l’activité, soit près de 500 millions d’euros. Deux ans plus tard, à l’occasion du One Planet Summit, la barre du désinvestissement était abaissée à 30 % de l’activité, et excluait également la construction de nouvelles centrales à charbon (soit 3 milliards d’euros). De plus, elle intégrait les sables bitumineux (700 millions d’euros). Parallèlement, Axa arrêtait d’assurer les nouvelles constructions de centrales thermiques à charbon.
Changement d’échelle
Un an plus tard, le désinvestissement est élargi sur l’ensemble des actions du groupe. En prenant en compte XL, les nouveaux montants de désinvestissement sont estimés à 660 millions d’euros. Concernant les polices d’assurances, le nouveau périmètre fait changer d’échelle l’engagement d’Axa. Les contrats concernés auparavant étaient chiffrés à 10 millions d’euros. Avec XL, spécialisé dans les dommages d’entreprises, ils représentent eux plus de 100 millions. Des "sacrifices business importants" mais "nous ne voulons pas seulement changer les tableurs mais aussi les façons de penser", a tenu à souligner Thomas Buberl, le directeur général du groupe Axa, ce lundi lors d’une allocution à la table ronde mondiale sur la finance climat organisée à Paris par l’initiative Finance des Nations Unies pour l’environnement (UNEP-FI). 
Par ailleurs, Axa a promis 12 milliards d’euros dans les investissements verts pour 2020. Ils atteignent déjà 10 milliards en 2018, l’assureur ne souhaite cependant pas augmenter le montant final à ce stade. "Cela concerne déjà plus de 1 % de nos investissements, soit plus que le montant recommandé par l’UNEP-Fi", précise ainsi Jad Ariss, directeur des affaires publiques et de la responsabilité sociétale du groupe Axa. Qui n’exclut pas une révision à la hausse lorsque les objectifs seront atteints, normalement courant 2019.
Des annonces à la hauteur de l’enjeu ? 
Pour autant, "bouger le curseur sur le changement climatique nécessite une action de plus grande ampleur et donc d’embarquer bien plus d’acteurs dans la dynamique. Or, à ce jour, nous estimons que seuls 10 % de la centaine d’acteurs de l’assurance d’ampleur internationale sont engagés", assure Jad Ariss. Axa sera ainsi le premier assureur à rejoindre la Coalition pour l’Ambition Climatique (PSI Climate Ambition Coalition), lancée par les Principes des Nations Unies pour l’Assurance Responsable, ce lundi. 
Une annonce que Les Amis de la Terre estiment pourtant insuffisante au regard de l’enjeu climatique, d’autant que la filiale XL est implantée aux Bermudes, un paradis fiscal, souligne l’ONG. Certes, l’initiative pourrait "inspirer les assureurs nord-américains absents sur la question du climat et des énergies fossiles", reconnaît l’ONG. Mais l’assureur devrait désinvestir plus largement les entreprises liées au charbon, à l’image d’Allianz qui va jusqu’à exclure plus de 200 entreprises prévoyant plus de 500 MW de nouvelle capacité charbon, "un taux 6 fois plus ambitieux que celui d’AXA", ou d’étendre sa politique à sa gestion pour tiers aujourd’hui non concernée par l’exclusion
Béatrice Héraud @beatriceheraud

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