Publié le 9 mai 2025

Comme cela était attendu, les constructeurs automobiles vont bénéficier de deux ans de rallonge pour se mettre en conformité avec les normes CO2 imposées par l’UE aux véhicules neufs. Une nouvelle brèche dans le Green Deal qui pourrait bien amener à l’annulation de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035.

C’est un recul supplémentaire pour la transition écologique et énergétique. Jeudi 8 mai, les députés européens ont validé un assouplissement des règles imposées aux constructeurs automobiles en matière d’émissions de CO2, afin de leur éviter des amendes en 2025. Un souhait de l’exécutif européen pour soutenir cette industrie en crise et qui entre dans le cadre du plan de soutien à automobile annoncé début mars par la Commission.

Le dispositif, dénoncé par les écologistes, consiste à prendre en compte les émissions sur trois ans, de 2025 à 2027, au lieu d’une seule année. Cela offre un délai aux constructeurs en retard sur les objectifs et leur évite des pénalités à l’échéance du 31 décembre 2025. La mesure, vivement plébiscitée par les industriels, concerne la fabrication et la commercialisation de véhicules neufs, voitures et utilitaires légers.

“Enième recul”

Le texte adopté en session plénière à Strasbourg (458 voix pour, 101 contre, 14 abstentions) était soutenu par une majorité constituée de la droite (PPE), du groupe Socialistes et Démocrates ainsi que des centristes et libéraux de Renew. “La pression des constructeurs a été telle qu’il a été jugé nécessaire d’établir une moyenne sur trois ans au lieu de relever les compteurs le 31 décembre”, a expliqué à l’AFP l’eurodéputé français (Renew) Pascal Canfin. “Incontestablement cela revient à émettre davantage de CO2 dans l’atmosphère si l’on raisonne en termes de budget carbone. Mais si l’on raisonne en termes de ventes, les constructeurs devront bien atteindre un niveau moyen de ventes équivalent à ce qu’il aurait dû être au 31 décembre 2025. Tout retard pris en 2025 devra donc être compensé en 2026 et 2027”, précise encore l’eurodéputé sur Linkedin.

L’Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) s’est félicitée du vote, sa directrice générale Sigrid De Vries saluant dans un communiqué “un pas dans la bonne direction”. Pour le PPE, premier groupe du Parlement, l’eurodéputé Laurent Castillo a salué “une première étape pour renforcer le marché européen de l’automobile”, qui souffre de la concurrence des Chinois, en avance dans l’électrique.

L’élu français a dit avoir désormais dans le viseur 2035, l’échéance pour l’interdiction de la vente dans l’UE des voitures à moteur thermique. “La prochaine étape sera de réviser cette obligation”. A l’inverse, l’écologiste Saskia Bricmont a accusé cet assouplissement sur les amendes de “retarder la commercialisation de véhicules électriques à prix abordables qui sont indispensables” pour les consommateurs européens. “C’est incompréhensible, c’est un énième recul dans la lutte contre le dérèglement climatique”, a écrit cette élue belge dans un communiqué.

“Idéologues de Bruxelles”

Depuis les élections européennes de juin 2024, marquées par une progression de l’extrême droite et un recul des Verts, des mesures climatiques prises lors de la mandature précédente sont peu à peu remises en cause, au nom de la compétitivité de l’économie.

Du côté de l’extrême droite, le groupe Patriotes pour l’Europe -où siègent les élus français du Rassemblement national- a jugé “insuffisante” cette flexibilité sur trois ans, appelant à “abroger complètement” le mécanisme d’amendes instauré par l’UE. “Les Européens n’adhèrent pas à la stratégie du tout électrique (…) quoiqu’en pensent les idéologues de Bruxelles”, a lancé le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, devant la presse. Des amendements de l’extrême droite visant à aller plus loin dans l’assouplissement des normes ont été rejetés.

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