Partir en week-end dans une grande ville européenne en ne découvrant la destination que quelques heures avant le départ : voici, en résumé, le principe des “vacances surprises”. Une tendance lancée ces dernières années par des agences de voyage d’un nouveau genre. L’idée est simple, réserver un séjour entre amis ou en famille, organisé de bout en bout, sans savoir à l’avance où il se déroulera. Pas besoin de rechercher un vol, un logement ou même des activités à faire sur place… Tout est pensé à l’avance pour le client qui n’a plus qu’à se laisser porter, l’excitation de la découverte en prime.
“Il y a un côté Kinder surprise : c’est le voyage bonus, le petit plaisir que l’on s’autorise de temps en temps, hors des vacances habituelles”, évoque auprès de Libération Christine Petr, professeure en sciences de gestion au sein de l’université Bretagne Sud. Une nouvelle forme de tourisme qui pousse donc à voyager, encore et toujours plus, quitte à peser lourd sur l’empreinte carbone des adeptes de ce type de séjour. Dans la grande majorité des cas, l’avion est en effet le seul moyen de transport proposé par les agences de voyage surprise. L’une d’elle, Waynabox, affirme par exemple avoir permis à l’ensemble de ses clients de parcourir plus de 45 millions de kilomètres, et ce durant 832 000 heures de vols. Pour le côté durable, on repassera…
Une journée à Prague pour 29 euros
Et il ne s’agit pas de la seule tendance encourageant les voyageurs à partir du jour au lendemain, bien souvent en avion. Pour certains d’entre eux, le séjour ne dure même que quelques heures. Il s’agit de l’“extreme day tripping”, ou “escapade extrême”. Particulièrement populaire au Royaume-Uni, ce mode de voyage consiste à prendre un vol aux aurores afin de visiter une ville située à plusieurs centaines de kilomètres, puis rentrer à nouveau par les airs en fin de journée. L’objectif, jouer les touristes le temps d’une journée, sans hôtel à réserver et sans valise à transporter. Un concept rendu possible par les compagnies aériennes low-cost dont les prix cassés permettent de voyager pour seulement quelques dizaines d’euros.
Plusieurs groupes Facebook réunissant des milliers d’abonnés ainsi qu’un site internet dédié à la pratique ont même été créés. On y découvre des idées d’itinéraires classés par thème – aventure, plage, spa ou encore parc d’attraction – ou par aéroport de départ. Selon la plateforme, il est ainsi possible de passer 10 heures à Ibiza, depuis Londres, pour 75 euros. Ou encore de découvrir Prague durant une journée, toujours depuis la capitale anglaise, grâce à un vol annoncé à 29 euros aller-retour.
Si la hausse du coût de la vie et des tarifs ferroviaires britanniques explique l’essor du phénomène selon certains médias nationaux, l’extreme day tripping met également en lumière les stratégies marketing mises en place par les compagnies à bas prix pour susciter l’intérêt des clients. Selon l’ONG Transport & Environment, ces dernières participent grandement à booster la reprise du trafic aérien européen, qui frôle les niveaux enregistrés avant la crise sanitaire. Résultat, les émissions de gaz à effet de serre du secteur repartent elles aussi à la hausse. En 2023, elles ont atteint 20,3 millions de tonnes de CO2, easyJet, Transavia et Ryanair faisant partie des compagnies les plus émettrices.