Publié le 3 mai 2025

Le niveau d’enneigement a atteint son niveau le plus bas sur une partie de la chaîne de l’Himalaya, en ce début de printemps. Ce déficit en neige pourrait mettre en péril l’approvisionnement en eau de près de 2 milliards de personnes.

La chaîne montagneuse de l’Hindu Kush-Himalaya, qui s’étend de l’Afghanistan à la Birmanie, a enregistré en ce début de printemps son niveau d’enneigement le plus bas depuis 23 ans. Il est de 23,6% en dessous de la normale. C’est le constat alarmant dressé par le Centre international pour le développement intégré des montagnes (Icimod), basé au Népal, le 21 avril dernier.

“Il y a eu moins de précipitations et la saison neigeuse, qui débute habituellement en octobre-novembre, a commencé fin janvier”, a expliqué Sher Muhammad, le principal auteur de ce rapport. Mais il ne s’agit pas d’un déficit isolé, car c’est la troisième année consécutive que la neige manque à l’appel. Des alertes à la sécheresse ont d’ores et déjà été émises dans la région.

Le Mékong et le Salouen menacés

La région de l’Hindu Kush-Himalaya, qui couvre plus de 3 500 kilomètres, est la source de nombreux fleuves asiatiques d’importance. Il s’agit de l’une des plus grandes réserves de glace et de neige au monde, derrière l’Arctique et l’Antarctique. Dans cette région, la fonte des neiges alimente environ un quart du débit total des 12 grands fleuves qui prennent leur source en altitude. Et le constat est sans appel cette année. “L’ensemble des 12 bassins versants, dont l’Indus, le Gange et le Brahmapoutre, connaissent une couverture neigeuse inférieure à la moyenne”, expliquent les auteurs du rapport, ajoutant d’ailleurs que “les bassins du Mékong et du Salouen sont à moins de 50%”.

Or, cette situation menace aujourd’hui l’approvisionnement en eau d’un grand nombre d’habitants de la région. Selon l’Icimod, la neige et la glace de l’Himalaya constituent une source d’eau essentielle pour 240 millions de personnes vivant dans les régions montagneuses et les 1,65 milliard d’autres personnes vivant dans les vallées de plusieurs pays, comme la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Bhoutan ou encore l’Afghanistan. Soit plus de 24% de la population mondiale.

Les activités économiques déjà impactées

Et cette situation n’est pas sans impact sur les activités économiques de la région. Courant février, l’Inde a annoncé le report de ses championnats de sports d’hiver, organisés dans la région du Cachemire. Les pistes de ski, situées entre 2 600 et 4 000 mètres d’altitude, souffrent depuis quelques années d’une insuffisance d’enneigement et voient le nombre des réservations touristiques fondre à vue d’œil. Mais ce manque d’enneigement, et donc d’eau, a également un impact sur l’agriculture, pilier économique de la région. Dans certaines régions de l’Inde, des cultivateurs ont déjà abandonné la culture du riz, très consommatrice en eau, pour planter des arbres fruitiers.

Plusieurs pays dépendent également de l’énergie hydroélectrique. Or, les centrales alimentées par les rivières se retrouvent aujourd’hui menacées. Cela n’empêche pourtant pas la Chine de construire le plus gros barrage hydroélectrique au monde, le barrage de Motuo. Installée là où le fleuve Brahmapoutre s’appelle encore le Yarlung Tsangpo, cette infrastructure pourrait avoir une capacité de 60 gigawatts, soit le triple du barrage des Trois-Gorges, actuellement le plus grand du monde.

Néanmoins, l’Icimod exhorte, dans son rapport, les pays dépendant des neiges de la région de l’Hindu Kush-Himalaya à “préparer des stratégies de gestion de l’eau adaptées” et “à améliorer l’anticipation des sécheresses”. Pour son directeur, Pema Gyamtsho, il faut désormais des “actions politiques proactives pour créer une résilience sur le long terme”.

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