Publié le 22 mai 2024

Un mort et 70 blessés. C’est le bilan des turbulences survenues sur le vol SQ321 de Singapore Airlines en partance de Londres. Si ce drame s’avère rare, des chercheurs ont montré que le changement climatique accroît la fréquence des turbulences. Depuis les 1979, elles ont augmenté de 55%.

Ce sont des images impressionnantes. Le 20 mai, un vol provenant de Londres et destiné à Singapour a rencontré de graves turbulences. A tel point que sur les 211 passages, une personne, un Britannique de 73 ans, est décédée et plusieurs passagers ont été gravement blessés. Le vol a dû être redirigé vers Bangkok, en Thaïlande, pour un atterrissage d’urgence.

A l’image de cet accident, les turbulences atmosphériques, sont des phénomènes parfois difficiles à prévoir et en voie d’augmentation à cause du changement climatique, selon les experts. Elles sont liées à un changement dans les courants d’air affectant la stabilité d’un vol. Elles peuvent être provoquées par des orages, les mouvements d’air autour de montagnes, des fronts d’air froid ou chaud, ou encore les jet streams – des bandes de vents forts en circulation autour de la Terre à certaines latitudes.

“Même si les météorologues ont des outils excellents pour prévoir les turbulences, ils ne sont pas parfaits, et des turbulences inattendues peuvent se produire”, a souligné auprès de l’AFP Thomas Guinn, professeur à l’université d’aéronautique Embry-Riddle.

Difficultés de prévision

Concernant le vol affecté mardi, les “premiers éléments semblent indiquer une turbulence en air clair, le type de turbulence le plus dangereux”, selon un communiqué de l’Association of Flight Attendants-CWA, représentant plusieurs dizaines de milliers d’agents de bord.

Ces turbulences “en air clair” sont définies comme “des turbulences soudaines et importantes se produisant dans des zones sans nuage et causant de violentes secousses de l’avion”, selon le régulateur américain de l’aviation civile (FAA). Elles sont “particulièrement problématiques car souvent rencontrées de façon inattendue et fréquemment sans indice visuel avertissant les pilotes du danger”, explique la FAA.

Selon un rapport de 2021 du Conseil national de la sécurité des transports américains, les turbulences continuent à être “une cause importante d’accidents et de blessés”. Toutefois, “les décès liés à des turbulences sur des vols commerciaux sont heureusement très rares”, a relevé Paul Williams, professeur en sciences de l’atmosphère à l’Université de Reading. “De ce que je sais, il n’y avait pas eu de décès lié à des turbulences sur un vol commercial depuis 2009”, a-t-il ajouté dans une déclaration transmise à l’AFP.

+55% de turbulences depuis 1979

Mais selon ses recherches, la crise climatique aggrave la fréquence des turbulences. “Le changement climatique accroît la différence de température entre les pôles froids et les tropiques chauds”, ces derniers “se réchauffant plus vite que les pôles aux altitudes de croisière”, a expliqué Paul Williams. “Cet effet entraîne davantage de cisaillements dans le jet stream, ce qui génère davantage de turbulences.” Selon Paul Williams, les turbulences “en air clair” graves dans l’Atlantique nord ont déjà augmenté de 55% depuis 1979.

“Nos dernières projections prévoient un doublement voire un triplement des turbulences graves dans les jet streams dans les décennies à venir, si le climat continue à se réchauffer comme attendu”, a-t-il ajouté. Pour Thomas Guinn, les passagers d’avions doivent donc le plus possible garder leur ceinture à bord : “si attachés correctement, il y a beaucoup moins de risque d’accident.”

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