Publié le 5 juin 2025

De violents incendies ravagent le Canada depuis quelques jours, menaçant notamment les industries pétrolières du pays. Des industries qui ont largement contribué à alimenter la crise climatique, et en sont aujourd’hui les victimes.

Depuis plus d’une semaine, le Canada est frappé par des incendies particulièrement forts. Au total, près de 200 départs de feux ont été signalés, dans les provinces du centre et de l’ouest du pays : Manitoba, Saskatchewan, Alberta… Alors que les feux progressent, ce sont déjà plus de 2 millions d’hectares qui sont partis en fumée, et plus 33 000 personnes qui ont été évacuées. Avec les fumées qui envahissent le ciel, des alertes sur la qualité de l’air sont lancées un peu partout dans la région, jusqu’aux Etats-Unis.

Et déjà, les conséquences économiques des incendies se font sentir. Dans ces régions pétrolifères, les nombreuses industries d’extractions pétrolières ferment, les unes après les autres. Cenovus Energy, MEG Energy Corp. ou encore Canadian Natural Resources, menacées par les flammes et contraintes d’évacuer leurs employés, ou privées d’électricité à cause de la destruction des lignes à haute tension, ont ainsi déjà annoncé avoir réduit ou arrêter certaines de leurs productions, que ce soit de pétrole ou d’hydrocarbures non-conventionnels.

Les entreprises pétrolières durement touchées

Au total, les estimations annonçaient déjà que la production de pétrole canadienne avait baissé de 7% ces derniers jours. Pour l’heure, aucune victime parmi les employés n’est à déplorer, pas plus que de dégâts majeurs sur les infrastructures de production, mais avec des écosystèmes asséchés par le réchauffement climatique, et des vents forts en ce moment au Canada, il pourrait encore s’écouler plusieurs jours avant que les incendies ne se calment et que la production puisse reprendre normalement.

Interrogé par les médias locaux, le professeur d’économie à l’Université de Concordia Moshe Lander estimait il y a quelques jours que les industriels pourraient être durement touchés par l’arrêt de la production. “Même lorsque les entreprises reprendront leurs activités, il leur sera difficile d’augmenter suffisamment leur production pour compenser cet arrêt”, explique-t-il.

Malgré tout, les représentants des entreprises pétrolières locales se sont montrés rassurants. Un porte-parole de Cenovus Energy a ainsi déclaré qu’elle prévoyait “un redémarrage complet des opérations du site de Christina Lake [un site de production de sable bitumineux en Alberta, pour l’heure toujours mis à l’arrêt, ndlr] à court terme”. En dépit des pluies prévues dans le nord des régions affectées, les officiels locaux, eux, annonçaient qu’“aucun répit n’était en vue” pour les incendies dans le Manitoba ou la province de Saskatchewan.

Responsables et victimes de la crise climatique

Avec ces feux, les industries pétrolières sont aujourd’hui les victimes du réchauffement climatique qu’elles ont contribué à provoquer. Ces dernières années, les dérèglements climatiques ont en effet provoqué une hausse significative des risques d’incendies au Canada, qui est régulièrement ravagé par des feux de plus en plus intenses chaque année. Le pays a ainsi connu en 2023 la pire année de son histoire du point de vue des incendies, avec près de 17 millions d’hectares brûlés, soit deux fois la surface de la plus grande région française, la Nouvelle-Aquitaine. En 2016, c’est la ville de Fort McMurray, l’un des plus grands centres industriels de production de pétroles bitumineux, qui avait été presque entièrement détruite par les feux. Cette année, ce sont déjà près de 3 millions d’hectares qui ont brûlé au Canada, en particulier dans les régions de production énergétique.

Face à la crise climatique, les infrastructures de production énergétique sont donc en première ligne. Partout dans le monde, les infrastructures pétrolières sont de plus en plus fragiles face à un climat plus chaud et plus instable. Aux Etats-Unis, ces dernières années, plusieurs entreprises de production énergétique, notamment électriques, avaient elles aussi fait les frais des fortes chaleurs, des sécheresses et des incendies qui ont détruit ou dégradé les infrastructures. Au point que les assureurs se demandent désormais comment ils pourront assurer ces industries, menacées par des risques de plus en plus critiques.

Les plus grands ports pétroliers du monde menacés par la montée des eaux

Et pourtant, que ce soit au Canada ou aux Etats-Unis, on continue d’investir massivement dans la production pétrolière. Après le “drill, baby, drill” de Donald Trump, le premier ministre canadian Mark Carney a quant à lui annoncé sa volonté de développer de nouveaux pipelines pétroliers. Autant de nouvelles infrastructures qui seront, demain, à leur tour menacées par les incendies et événements climatiques extrêmes… Et contribueront encore à alimenter le cercle vicieux de l’emballement climatique.

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