Publié le 28 avril 2025

Comme si de rien n’était. En 2024, le secteur européen de l’aviation a presque retrouvé ses niveaux d’avant l’épidémie de coronavirus. Selon une nouvelle analyse de Transport & Environnement, il a atteint 96% du nombre de vols et 98% des émissions de CO2 de 2019.

L’agence européenne du contrôle aérien avait prédit pour l’année 2025 que le trafic aérien allait retrouver ses niveaux prépandémiques. C’est chose faite. D’après une analyse de Transport & Environnement, publiée lundi 28 avril, “les vols au départ de l’Europe, toutes destinations confondues, ont émis quasiment autant de CO2 qu’en 2019”, année précédant la pandémie de coronavirus.

“Les émissions de l’aviation deviennent incontrôlables”, a analysé Jérôme du Boucher, responsable aviation chez T&E France. “Si l’Europe continue sur cette voie, les promesses d’une aviation plus verte resteront une pure fiction”, précise-t-il. En 2024, les aéroports européens ont enregistré plus de 8,4 millions de décollages, générant 187,6 millions de tonnes (Mt) de CO2. À noter que les vols intra-européens, avec 71,5 Mt, ont dépassé leur niveau de 2019 (67,3 Mt), et les voyages extra-européens suivent une trajectoire similaire.

La croissance des vols low-cost se poursuit

Dans l’Hexagone, les émissions de CO2 pour les vols au départ de la France ont augmenté de 4% en 2024 par rapport à l’année précédente, atteignant ainsi 21,2 Mt. Selon T&E, elles représentent désormais 93% du niveau pré-Covid. Sans surprise, l’étude montre également que cette trajectoire est due à la croissance du low-cost en Europe. Car si les grandes compagnies comme Air France, Lufthansa ou encore British Airways, continuent d’être les principaux pollueurs en raison de l’importance de leur flotte, les compagnies low-cost sont celles dont les émissions augmentent le plus.

Rien qu’en France, leurs vols représentent 19% des émissions de CO2 en plus par rapport à 2019. La compagnie Ryanair arrive d’ailleurs en tête des compagnies aériennes qui ont émis le plus de CO2 en Europe en 2024, avec 16,2 Mt, soit une augmentation de plus de 9% des émissions entre 2023 et 2024.

Définir un projet clair de décarbonation

Face à ce constat, T&E appelle l’État français à agir “en complément des actions au niveau européen”, notamment en définissant “un cadre clair pour la décarbonation de son secteur aérien”. L’ONG demande donc “le gel des projets d’extension aéroportuaire actuellement envisagés à l’aéroport Charles-de-Gaulle, Beauvais et Nice” et le renforcement de la taxe sur les billets d’avion, “prérequis pour mieux refléter l’impact climatique de l’avion”.

Transport & Environnement note également dans son étude que le marché carbone de l’Union européenne, qui contraint les compagnies aériennes à acheter des quotas d’émissions de CO2, ne concerne pas les vols transcontinentaux. Or, cela représente 70% des émissions des vols au départ de l’Europe en 2024. “Non seulement le secteur aérien ne respecte pas ses promesses de décarbonation, mais en plus, il ne paye pas le véritable coût de sa dette climatique”, déplore Jérôme du Boucher. Ainsi, T&E appelle à l’extension des marchés carbone européen et britannique à tous les vols. D’après leurs calculs, cela aurait pu rapporter 7,5 milliards d’euros supplémentaires aux autorités en 2024.

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