Publié le 13 novembre 2024

Les émissions de CO2 pour 2024 vont battre un nouveau record, selon la nouvelle édition du Global Carbon Budget, publié ce mercredi 13 novembre, alors que se tient la COP29 de Bakou en Azerbaïdjan. Le rapport montre que la fenêtre pour rester sous 1,5°C de réchauffement se referme rapidement.

Alors que la COP29 s’est ouverte lundi 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, les rapports sur l’état du climat se suivent et se ressemblent. Ce mercredi, le Global Carbon Budget révèle, sans surprise, que les émissions mondiales de CO2 provenant des combustibles fossiles ont encore atteint un niveau record en 2024, en augmentation de 0,8% sur un an. Malgré la nécessité urgente de réduire les émissions pour ralentir le changement climatique, les chercheurs affirment qu’il n’y a toujours “aucun signe” d’atteinte d’un pic d’émissions de CO2 fossile.

Dès lors, ils estiment que le budget carbone restant – soit le CO2 que le monde peut encore émettre pour avoir 50% de chances de rester sous la barre des 1,5°C – est presque “épuisé“. Ce seuil devrait être dépassé de manière constante sur plusieurs années et non pour une seule année, d’ici environ six ans, soit en 2030, selon les experts. L’Organisation météorologique mondiale (OMM), et l’observatoire Copernicus, avaient annoncé il y a quelques jours que l’année 2024 était en passe de devenir l’année la plus chaude jamais observée et que la température moyenne de l’air à la surface du globe entre janvier et septembre 2024 a déjà dépassé de 1,54 °C la moyenne préindustrielle, de façon temporaire.

“Un problème collectif”

Dans le détail, en 2024, les émissions de la Chine, qui représentent 32% du total mondial, devraient augmenter légèrement de 0,2%, bien que la fourchette des projections comprenne une possible diminution des émissions. Celles de l’Inde (8 % du total mondial) devraient augmenter de 4,6 %. A contrario, les émissions devraient diminuer de 0,6% aux États-Unis (13 % du total mondial) et de 3,8% au sein de l’Union européenne (7% du total mondial). Les émissions du reste du monde (38% du total mondial) devraient augmenter de 1,1%.

On peut aussi noter que les émissions de l’aviation et du transport maritime internationaux (3% du total mondial) devraient augmenter de 7,8% en 2024, mais resteront inférieures de 3,5% à leur niveau pré pandémique de 2019. Enfin, si les émissions liées au changement d’affectation des terres (telles que la déforestation) ont diminué de 20% au cours de la dernière décennie, elles devraient augmenter en 2024.

“Il y a de nombreux signes de progrès au niveau national et le sentiment que le pic des émissions mondiales de CO2 fossile est imminent, mais le pic mondial reste difficile à atteindre. L’action en faveur du climat est un problème collectif, et si certains pays réduisent progressivement leurs émissions, d’autres continuent à les augmenter. Les progrès dans tous les pays doivent s’accélérer suffisamment pour placer les émissions mondiales sur une trajectoire descendante vers le net-zéro”, a déclaré Glen Peters, du Centre CICERO pour la recherche internationale sur le climat à Oslo.

Le Royaume-Uni s’engage sur un objectif de -81%

De son côté, Corinne Le Quéré, professeur de recherche à l’université d’East Anglia et présidente du Haut Conseil pour le climat, ajoute que “malgré une nouvelle hausse des émissions mondiales cette année, les dernières données montrent des signes d’une action climatique généralisée, avec une pénétration croissante des énergies renouvelables et des voitures électriques qui remplacent les combustibles fossiles, ainsi qu’une diminution des émissions liées à la déforestation au cours des dernières décennies, confirmée pour la première fois”.

La hausse de l’ambition climatique est l’un des enjeux de la COP29, aux côtés de la question financière. Dans ce cadre, le Royaume-Uni, le Brésil et les Émirats arabes unis sont les premiers grands pays émetteurs à avoir présenté leurs nouveaux objectifs d’émissions à 2035. Le Royaume-Uni s’est ainsi engagé mardi 12 novembre à réduire “d’au moins 81%” ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2035 par rapport à 1990. Le Brésil prévoit une réduction comprise entre 59 et 67% et les Emirats arabes unis visent une baisse de 47% à 2035. Des objectifs ambitieux. Mais, “la véritable mesure des progrès sera de savoir si les pays tiennent leurs promesses par des politiques et des investissements transformateurs qui intègrent l’action climatique au cœur de leurs stratégies économiques”, a commenté Melanie Robinson, directrice mondiale du climat, de l’économie et des finances au World Resources Institute.

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