Publié le 12 mai 2025

Fumée verte au-dessus du Vatican. Depuis le 8 mai dernier, les catholiques découvrent peu à peu le visage de leur nouveau chef, le pape Léon XIV. De nationalité américaine, Robert Francis Prevost semble s’inscrire dans les pas de son prédécesseur, notamment sur les questions de justice sociale et d’environnement. Novethic revient sur la personnalité du nouvel évêque de Rome.

Jeudi 8 mai, à 18h08 précises, de la fumée blanche s’élève dans le ciel sous les acclamations des fidèles réunis place Saint-Pierre, à Rome. Au terme d’un conclave de deux jours, au bout du quatrième tour de vote, les cardinaux électeurs ont trouvé un successeur au pape François, décédé le 21 avril. Il s’agit de l’Américain Robert Francis Prevost. Sous le nom de Léon XIV, l’homme de 69 ans semble, à travers ses premières prises de parole, s’inscrire dans les pas de son prédécesseur sur les questions de justice sociale et environnementale.

Pour rappel, le pontificat du cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio a été marqué par la publication de son encyclique “Laudato si’”. Ce texte, publié il y a dix ans, est l’un des plus lus de l’histoire et demeure son héritage majeur. S’adressant aux catholiques du monde entier, cette lettre dresse un constat sans appel de la crise écologique tout en la liant à la crise sociale. À la suite de sa publication, près de 380 institutions catholiques ont décidé de cesser tout investissement dans les énergies fossiles.

“Des mots à l’action”

Douze ans plus tard, l’engagement écologique du nouveau pape est bel et bien présent dans ses prises de parole et actions. Lors d’un séminaire organisé à Rome en 2024 sur les impacts du changement climatique dans les pays du Sud global, Léon XIV, alors cardinal, a estimé qu’il était temps de passer “des mots à l’action” afin de lutter contre la crise climatique. Selon le média Vatican News, le prélat a déclaré que “notre nature est créée par Dieu et nous sommes entourés des dons de la création”. “L’échec consiste à trop créer et non à partager les dons” a-t-il ajouté.

Dans la lignée de François, le nouvel évêque de Rome rejette aussi cette vision de l’Homme dominant la nature. “La domination sur la nature déléguée par Dieu à l’homme ne doit pas être tyrannique, explique-t-il car, l’homme est un administrateur qui doit rendre compte de son travail dans une relation de réciprocité avec l’environnement. Par conséquent, notre mission est de le traiter comme le fait son créateur.

Face au technosolutionnisme souvent avancé dans la lutte contre le changement climatique, Léon XIV met en garde contre leurs conséquences “néfastes”. Sans clairement parler d’environnement, le prélat a toutefois rappelé dans son homélie du vendredi 9 mai qu’“aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, (…) des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir”. Sa position écologique devrait toutefois se préciser à l’approche des commémorations des dix ans du “Laudato Si’”.

Héritier de la doctrine sociale de l’Église

L’autre volet qui marquera son pontificat sera – à n’en pas douter – celui de la justice sociale. En choisissant le nom de Léon XIV, il se place clairement dans la lignée de son prédécesseur, Léon XIII. Ce dernier est aujourd’hui connu pour avoir jeté les fondements de la doctrine sociale de l’Église. En 1891, il publiait l’encyclique “Rerum novarum” (“Des choses nouvelles”) introduisant ainsi la question ouvrière et sociale dans la doctrine de l’Église. Dans cette lettre, il y dénonçait notamment “la concentration de richesses” entre “les mains de quelques-uns de l’industrie et du commerce, devenus le partage d’un petit nombre d’hommes opulents et de ploutocrates qui imposent ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires”.

Condamnant ainsi la pauvreté des ouvriers, le pape Léon XIII y demandait une juste rétribution pour les travailleurs et encourageait la formation des syndicats, afin de lutter contre le capitalisme. Un sujet que le pape Léon XIV connaît bien après avoir passé de très nombreuses années au Pérou, pays marqué par la pauvreté. Et cela devrait se confirmer lors de la messe d’inauguration de son pontificat, dimanche 18 mai, où de nombreuses personnalités et chefs d’État sont attendus place Saint-Pierre.

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