Publié le 15 avril 2025

Le virus du chikungunya a déferlé sur l’île de la Réunion depuis le début de l’année 2025, avec plus de 27 000 cas recensés, dont près de 6 000 la semaine dernière. Cette épidémie pourrait continuer à proliférer en raison du changement climatique et même atteindre, avec d’autres maladies vectorielles, la métropole.

C’est l’une des nombreuses conséquences concrètes du changement climatique auxquelles doit faire face l’île de la Réunion depuis plusieurs mois. L’épidémie de chikungunya, virus véhiculé par le moustique-tigre, continue de circuler et de s’intensifier avec plus de 27 000 cas recensés depuis le début de l’année 2025, dont 6 289 cas détectés rien que la semaine dernière, a indiqué Santé publique France le mercredi 9 avril.

Des chiffres certainement sous-estimés, alerte le ministre des Outre-mer Manuel Valls. “Sachant que tout le monde n’a pas déclaré avoir été touché, on peut considérer qu’entre 50 000, 60 000, voire 70 000 personnes auraient été atteintes”, a-t-il déclaré lors de son déplacement sur l’île le 7 avril dernier. Dans la foulée, l’agence de santé a confirmé que “l’épidémie continue de s’étendre sur tout le territoire”. L’impact de la maladie reste toutefois en deçà de l’épidémie de 2005-2006, avec 260 000 personnes infectées et plus de 200 morts.

Plan blanc et campagne de vaccination de grande ampleur

Mais les cas graves de chikungunya ne cessent de se multiplier, notamment chez les nourrissons et les personnes âgées. Près de 189 hospitalisations dépassant 24 heures ont été dénombrées, dont près de la moitié concernaient des personnes de plus de 65 ans, et un quart des moins de six mois, a précisé Santé publique France. D’ailleurs, deux décès directement liés au chikungunya ont été recensés chez des personnes de plus de 75 ans, et plusieurs autres sont encore en cours d’investigation pour savoir s’ils sont imputables au virus. Face à la crise, le centre hospitalier universitaire de la Réunion a déclenché son plan blanc “afin de faire face à une accélération significative” de la prise en charge des patients atteints par le virus.

Pour parer à l’urgence, alors que le pic de l’épidémie vient d’être franchi selon l’ARS, une campagne de vaccination a été lancée le lundi 7 avril, avec près de 40 000 doses de vaccin déjà arrivées sur l’île. La population réunionnaise étant estimée à 896 200 habitants, la priorité des injections est donnée aux personnes âgées de 65 ans et plus, notamment celles présentant des comorbidités. Le lundi 14 avril, le taux de vaccination n’était “pas satisfaisant”, avec seulement “2 200 personnes qui se sont fait vacciner en trois jours”, a déploré Gérard Cotellon, directeur général de l’ARS de l’île de la Réunion, sur FranceInfo. En parallèle, près de 20 000 moustiquaires pour protéger “les femmes enceintes et les bébés” ont été commandées. En effet, ces derniers figurent parmi les personnes à risque.

Changement climatique et flambée des maladies vectorielles

La situation que vit actuellement l’île de la Réunion est peut-être le reflet de ce qui nous attend en France métropolitaine. Dans un contexte de changement climatique, les scientifiques alertent sur le risque d’une multiplication des maladies infectieuses, dont le chikungunya, zika ou encore la dengue. Bien que l’installation du moustique-tigre dénommé Aedes albopictus – vecteur de ces trois pathologies – sur notre territoire soit liée à la mondialisation des échanges commerciaux, et notamment au transport de marchandises, le changement climatique sera “son accélérateur“.

“D’abord, parce que [le changement climatique] étend l’aire de distribution du moustique”, explique le docteur Anna-Bella Failloux, entomologiste et directrice de recherche en entomologie à l’Institut Pasteur sur le site Réseau Action Climat. “Ensuite et surtout, parce que l’augmentation de la température a un double effet sur lui. Premièrement, plus la température augmente, plus le moustique devient adulte rapidement. Deuxièmement, la vitesse de multiplication du virus à l’intérieur de cet insecte est augmentée sous l’effet de la température. Donc plus il fait chaud, plus vite il devient vecteur de la maladie”, précise cette chercheuse.

L’expansion géographique de la dengue et du chikungunya vers l’hémisphère nord, et notamment l’Europe, a déjà commencé. Rien qu’en France, le nombre de cas autochtones de dengue a explosé l’été 2024, avec 78 personnes infectées, contre moins d’une cinquantaine de cas en 2023.

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