Publié le 27 janvier 2025

En ce mois de janvier, la rédaction de Novethic vous propose de découvrir chaque semaine son vœu le plus cher pour l’année 2025. Il s’agit pour moi de la finalisation du traité mondial contre la pollution plastique. Fin 2024, d’importantes divergences ont empêché les Etats du monde entier de s’accorder sur un texte à la hauteur des enjeux.

2025 pourrait être une année charnière dans la lutte contre la pollution plastique. C’est dans tous les cas mon souhait, alors que devraient prochainement s’achever les négociations visant à l’adoption d’un traité international… avec quelques semaines de retard. En novembre 2022, sous l’impulsion de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, plus de 170 pays ont entamé les pourparlers afin d’aboutir à un instrument juridiquement contraignant en à peine deux ans.

Après quatre rounds de négociations en Uruguay, en France, au Kenya puis au Canada, une cinquième et ultime session (INC-5) s’est tenue fin novembre 2024 à Busan, en Corée du Sud. L’objectif : finaliser et approuver l’accord. Mais c’est finalement un “non paper”, un texte non officiel, qui a été rendu au terme des délais impartis par le président du Comité intergouvernemental, Luis Vayas Valdieso. Une déception pour les défenseurs du traité qui pointent d’importantes divergences et “la mauvaise foi de certains acteurs”, comme le dénonçait alors Muriel Papin, déléguée générale de No Plastic In My Sea.

Vers une limite de la production ?

Très rapidement, deux blocs sont effet apparus au cours des discussions. D’un côté, une soixantaine d’Etats dont l’Union européenne, le Mexique, l’Australie ou encore le Japon, réunis sous la bannière d’une “Coalition de la haute ambition”, appellent à la mise en place d’un traité contraignant portant sur l’ensemble du cycle de vie des plastiques, y compris sur leur fabrication. Et c’est bien là que se trouve le cœur des tensions. En face, l’Iran, l’Irak ou encore les pays du Golfe, soutenus par la Russie s’y opposent fermement.

Pas question pour ces Etats producteurs de pétrole de fixer un quelconque objectif de réduction de la production plastique. Ils contestent également toute mesure visant à réguler les produits chimiques qui composent les polymères. Surnommés les pays “like-minded”, ils défendent un accord qui ne prend en compte que le recyclage et la gestion des déchets, tout en poussant à la mise en place de plans nationaux, ce qui permettrait à chaque pays de fixer ses propres objectifs. Accusés d’avoir fait preuve “d’une volonté d’obstruction systématique” selon les mots d’Henri Bourgeois-Costa, responsable des affaires publiques de la fondation Tara Océan, ils ont fortement ralenti les pourparlers.

Une objectif atteignable

Dans les prochains mois, les pays négociateurs devront trouver le moyen de dépasser ces dissensions afin de s’accorder définitivement sur un texte qui pourrait être historique. Si aucune information n’a été confirmée à ce stade, cette ultime session, baptisée INC-5.2, pourrait avoir lieu très prochainement. Car l’enjeu est crucial. Santé, émissions carbone, pollution… Il ne se passe pas un mois sans qu’une nouvelle étude ne vienne confirmer les effets délétères du plastique sur les êtres vivants et la planète. L’une des dernières en date publiée par l’Agence de la transition écologique affirme par exemple que les trois quarts des sols français analysés seraient contaminés par des microplastiques.

Si rien n’est fait, l’OCDE estime par ailleurs que la production de plastique pourrait être multipliée par trois d’ici 2060. Elle est déjà passée de 2 millions de tonnes en 1950 à 435 millions de tonnes en 2020. Les déchets pourraient, eux, dépasser les 600 millions de tonnes en 2040. Aujourd’hui, seuls 10% sont recyclés et 22% finissent leur vie dans la nature. Selon l’organisation intergouvernementale, 96% de ces fuites dans l’environnement pourraient pourtant être évitées d’ici 2040. “Notre analyse montre que des politiques ambitieuses couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques, si elles sont mises en œuvre à l’échelle mondiale, pourraient pratiquement éliminer la pollution plastique d’ici 2040”, avance Jo Tyndall, directrice de l’environnement à l’OCDE. De quoi nourrir les espoirs !

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