C’est une victoire majeure pour la biodiversité. La loi européenne sur la restauration de la nature a été adoptée de justesse mardi 27 février au Parlement européen, à une quinzaine de voix près. “Ce texte est le plus important pour la biodiversité européenne depuis 30 ans. L’Union européenne se positionne ainsi parmi les leaders de la protection et de la restauration de la biodiversité”, réagit France nature environnement dans un communiqué.
Pilier du Pacte vert, il vise à restaurer 20% des terres et espaces marins à l’échelle de l’UE d’ici 2030 et 100% des terres dégradées d’ici 2050. Au moins 30% des tourbières drainées utilisées en agriculture devront aussi être restaurées d’ici 2030. En outre, les Etats devront s’appliquer à viser “des tendances en hausse” sur certains indicateurs (papillons, carbone dans le sol, terres agricoles “à haute diversité”).
“Une victoire pour le vivant”
Une version largement allégée en juillet dernier, sous pression de la droite, dont le vote ne devait être qu’une simple formalité. Mais, dans le contexte de crise agricole, le résultat était très incertain. Le Parti populaire européen (PPE, droite), premier groupe du Parlement, avait ainsi appelé ses élus à voter contre le texte, tandis que l’extrême droite déposait des amendements de rejet. “Nous ne voulons pas de nouvelles formalités bureaucratiques et obligations pour les agriculteurs”, avait fustigé l’eurodéputé roumain Siegfried Murecan, vice-président du PPE.
Finalement, une partie de la droite n’a pas suivi ces consignes de vote. Elle a su “résister à l’alliance avec le populisme anti-écologique de l’extrême droite”, a félicité sur X l’eurodéputé Renew Pascal Canfin, président de la commission Environnement du Parlement. “Prétextant des excès administratifs, les droites européennes s’allient depuis des mois pour affaiblir ou faire tomber les textes du Pacte vert“, affirme l’écologiste Marie Toussaint qui a salué “une victoire pour le vivant”. A trois mois des élections européennes, les élus conservateurs multiplient en effet les attaques contre le “Green Deal”, dont les réglementations environnementales sont vouées aux gémonies dans les manifestations agricoles.
Ecouter la science
La veille du vote, des centaines de tracteurs en provenance de toute l’Europe avaient envahi Bruxelles alors que se tenait une réunion des ministres de l’Agriculture. Ces agriculteurs demandent de nouveaux assouplissements, voire même une révision de la Politique agricole commune (PAC). La Commission européenne a déjà cédé sur l’obligation de mise en jachère. Elle a aussi enterré la réglementation visant à diviser par deux l’usage des pesticides. Elle devrait lancer un second train de mesures sur les obligations de maintien des prairies permanentes ou encore la baisse des visites de contrôle.
Pourtant, “ces reculs n’apportent aucune réponse satisfaisante aux problèmes de qualité de vie des agriculteurs. Au contraire, ils entraînent des risques majeurs sur la santé humaine, en premier lieu celle des agriculteurs, mais également celle de l’ensemble de la population actuelle et future”, écrivent dans une tribune publiée dans Le Monde plus de 1 000 scientifiques. Ils pointent un modèle “destructeur” bien “enraciné, résultant des règles commerciales internationales mais aussi d’une “surreprésentation, au sein des instances de décision, d’organisations qui ne représentent qu’une partie du monde agricole“.
Au sein du Parlement, les eurodéputés ont quant à eux choisi d’écouter la science… “sans céder au populisme”, se réjouissent les ONG environnementales BirdLife, ClientEarth, EEB et WWF. Un signal fort à quelques mois des élections européennes pour tenter de faire de l’écologie un allié et non pas un ennemi.