Publié le 21 août 2024

L’Agence de la Transition Ecologique et Greenflex viennent de publier la 20ème édition de leur baromètre sur la consommation responsable. Le rapport montre que les Français plébiscitent une production et une consommation plus écologiques, vers plus de sobriété. Ils appellent aussi à changer notre système économique.

Ces 20 dernières années, l’idée d’une nécessaire transition vers une production plus durable et une consommation plus responsable s’est durablement implantée dans l’esprit des Français. C’est ce que montrent les données du dernier baromètre de l’Ademe (l’Agence de la transition écologique) et Greenflex, qui a, comme chaque année, interrogé un panel de citoyens sur leurs perceptions sur le sujet. Pour cette 20ème édition, le baromètre permet de faire le bilan de cette prise de conscience et de comprendre le changement de regard des Français sur notre système économique durant les deux dernières décennies.

“Il y a 20 ans, les thématiques environnementales peinaient à émerger dans le débat public”, explique ainsi Laure Blondel, directrice conseil à Greenflex, alors qu’aujourd’hui “les consommateurs comprennent que leur avenir est lié à celui de la préservation de nos ressources, naturelles comme humaines.” Près de 70% des Français estiment ainsi aujourd’hui qu’il faut non seulement produire et consommer mieux, mais aussi produire et consommer moins, pour un système économique soutenable.

Des changements qui s’installent

La notion de sobriété semble donc commencer à s’imposer, alors qu’elle était encore largement inconnue il y a 20 ans. Une majorité de citoyens constatent ainsi que des solutions de consommation responsable se sont développées depuis 10 ans, notamment la seconde main, le partage ou la location de biens et services ou encore la réparation. Si les Français sont encore réticents à transformer certains aspects de leur consommation (notamment l’usage de la voiture ou la consommation de viande), beaucoup adoptent donc de nouveaux réflexes. Deux tiers des citoyens disent ainsi se tourner vers des options plus engagées, ou faire leurs choix de consommation responsable en fonction des modes de production ou pour rémunérer de manière plus juste les producteurs. Et près de 80% d’entre eux disent que le fait de voir d’autres consommateurs changer leurs habitudes les incite à faire de même.

Malgré tout, les citoyens Français voient que les excès de la société de consommation persistent, et ils blâment notamment les entreprises : plus de 80% d’entre eux estiment ainsi que celles-ci incitent à la surconsommation, en proposant sans cesse de nouveaux produits, et pointent l’omniprésence de la publicité. Une certaine défiance s’est même installée envers les acteurs économiques : alors qu’en 2004, près des deux tiers des Français disaient faire confiance aux marques et aux entreprises, 20 ans plus tard, ils ne sont plus que 36%. Les Français sont également trois fois plus nombreux aujourd’hui qu’en 2017 ans à participer à des mouvements contre les abus des marques, notamment en signant des pétitions.

Plus de contraintes pour les entreprises

Les consommateurs somment les marques de transformer leurs modèles d’affaires pour intégrer des critères de durabilité sur l’ensemble de leur chaîne de valeur”, explique ainsi Laure Blondel. 79% d’entre eux pensent même que les entreprises ne doivent plus chercher la croissance économique à tout prix : un changement de paradigme qui montre que la croissance n’est plus vue comme le totem intouchable qu’il était encore il y a quelques années. Pourtant, tempère Laure Blondel, “même si c’est une attente de plus en plus pressante de la société, force est de constater que (trop) peu d’entreprises se sont posé ce cadre de façon volontaire.” Résultat, les Français jugent les progrès de la transition écologique trop lents : moins d’un Français sur deux estime que le respect de la nature a progressé ces dernières années, et les chiffres sont à peine meilleurs pour la lutte contre la pollution ou la prise en compte de la crise climatique.

Face à cette relative inertie du système économique, 80% des Français pensent que l’Etat et les pouvoirs publics devraient agir pour contraindre plus les entreprises et les acteurs privés. “Trois Français sur quatre considèrent que l’Etat devrait interdire la publicité pour les produits les plus néfastes”, explique par exemple Renaud Fossard, co-fondateur et directeur général de Communication et Démocratie sur LinkedIn. Un constat qui tranche avec le discours de beaucoup d’acteurs politiques et économiques, qui réclament au contraire la simplification et l’allègement des contraintes pour les entreprises.

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