C’est un nouveau pas vers la démocratisation de la semaine de quatre jours en France. A compter de février 2025, une nouvelle expérimentation sera déployée en France, après l’Angleterre, le Portugal, le Brésil, l’Afrique du Sud ou encore l’Allemagne. Initié par l’association 4 Day Week Global, le test qui durera six mois portera sur un ensemble d’entreprises volontaires.
Si plusieurs sociétés ont déjà manifesté leur souhait de participer à l’étude, leur nombre exact n’est pas encore connu, la phase de recrutement prenant fin au mois de novembre prochain. Durant l’expérimentation, une analyse sera menée afin d’évaluer les retombées de cette nouvelle organisation sur le bien-être des équipes, leur productivité ou encore le chiffre d’affaires des entreprises. L’impact sur l’environnement sera également scruté de près.
Mais toutes les entreprises candidates ne mettront pas en place la semaine de quatre jours de la même manière. “L’idée étant de faire de la dentelle avec les entreprises, de s’adapter à elles. Nous allons définir les modalités les plus adéquates que ce soit une semaine de quatre jours sur deux, des roulements entre salariés, des fermetures hebdomadaires, une articulation avec le télétravail…”, souligne Philippe du Payrat, co-fondateur de 4jours.work, une organisation partenaire de 4 Day Week Global, par BFMTV.
Trois quarts des actifs favorables à la semaine de 32h
L’un des points principaux réside sur la différence entre la semaine de quatre jours avec une réduction du temps de travail à 32h et la semaine EN quatre jours qui évoque un maintien aux 35 heures. En avril 2023, puis en mars 2024, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal a défendu la mise en place d’une semaine en quatre jours au sein de la fonction publique et des entreprises du privé. L’idée : retirer une journée sur la semaine, sans baisser le nombre d’heures travaillées. Il a par exemple été proposé aux agents de l’Urssaf sur la base du volontariat de concentrer leur temps de travail, soit 36 heures hebdomadaires, sur quatre jours au lieu de cinq habituellement.
Une mesure qui a eu du mal à convaincre les fonctionnaires, inquiets des répercussions sur leur charge de travail et leur vie personnelle. “La semaine en quatre jours n’est pas très populaire, elle suppose une journée à rallonge. En comptant le temps de trajet on part de chez soi à 8h pour revenir à 20h. Pour la coordination vie privée, vie professionnelle, c’est trop compliqué”, constatait en mai dernier Eric Hayer, directeur de l’Observatoire français des conjonctures économiques, auprès de Novethic.
Il s’agirait pourtant de la formule choisie par la majorité des sociétés françaises ayant d’ores et déjà sauté le pas d’une semaine raccourcie. Sur les 150 accords d’entreprises prévoyant la mise en place d’une semaine de quatre jours recensés en France en 2023, 89% ne proposent pas de baisser la durée de travail hebdomadaire selon un rapport d’information parlementaire publié le 16 octobre dernier. Les auteurs notent néanmoins que la réduction du temps de travail est l’une des conditions d’application les plus souhaités par les salariés. 77% des actifs seraient ainsi favorables à une semaine de 32h sur quatre jours, sans réduction de salaire.
Un test concluant en Allemagne
Si le rapport insiste sur une “souplesse qu’il convient de préserver” afin de s’adapter aux “spécificités” de chaque société, il reconnaît que la semaine de quatre jours “peut contribuer, dans certains cas et sous certaines conditions, à l’amélioration des situations professionnelles et personnelles des travailleurs d’une part, des performances économiques des entreprises d’autre part”. Des conclusions qui pourront être étayées par l’expérimentation menée dans les prochains mois par 4 Day Week Global dans l’Hexagone.
Chez nos voisins allemands, pour qui le test vient de se clôturer, le bilan s’avère en tout cas très positif. Réduction du stress, baisse de l’absentéisme et du turn-over, augmentation de la productivité… 90% des salariés estiment qu’une semaine réduite à quatre jours leur a permis d’améliorer leur bien-être général. Des bénéfices également constatés par la quarantaine d’entreprises participantes qui n’ont observé, dans le même temps, aucun impact négatif sur leur rentabilité. Résultat, 73% d’entre elles affirment vouloir maintenir la semaine de quatre jours pour une partie ou l’ensemble de leurs équipes.