Publié le 15 mai 2025

La politique anti diversité, équité et inclusion (DEI) de Donald Trump commence à produire ses effets de ce côté-ci de l’Atlantique. Après T-Mobile, la filiale américaine de l’opérateur mobile Deutsche Telekom, c’est au tour du géant allemand de l’informatique SAP de renoncer à son programme diversité.

Le géant allemand des logiciels SAP confirme qu’il va supprimer plusieurs de ses mesures d’inclusion et de diversité pour se plier à l’administration Trump, a indiqué un de ses porte-parole à l’AFP, confirmant une information de presse. Selon un courrier interne consulté par le journal Handelsblatt, SAP va abandonner son objectif d’atteindre 40% de femmes parmi ses employés, contre 35% actuellement. Les quotas de femmes dans les postes de direction ne seront plus appliqués aux Etats-Unis, où SAP emploie 17 000 personnes, soit 16% de sa masse salariale, et a réalisé près d’un tiers de son chiffre d’affaires en 2024.

Par ailleurs, l’entreprise basée à Walldorf, la première capitalisation boursière européenne avec près de 310 milliards d’euros, ne prendra plus non plus en compte la diversité des sexes comme critère de rémunération de son directoire. Son département dédié à la diversité et à l’inclusion va aussi perdre son autonomie pour être fusionné avec un autre. Dans un communiqué publié vendredi, le groupe coté au Dax à la Bourse de Francfort s’est engagé “à créer un lieu de travail inclusif” tout en “se conforme[ant] pleinement aux exigences légales dans chaque pays où elle opère”.

“Une ingérence inacceptable”

Dès le premier jour de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a signé un décret exécutif déclarant illégaux les programmes de promotion de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI) promouvant l’égalité des chances. Il menace ainsi de poursuivre les entreprises, américaines comme étrangères, qui continuent de les mettre en œuvre. En Allemagne, SAP est l’un des premiers grands groupes à revenir ouvertement sur sa politique d’inclusivité. En avril, T-Mobile, la filiale américaine de l’opérateur mobile Deutsche Telekom, s’était aussi engagée à abandonner en grande partie ses mesures DEI. Selon la chambre allemande de commerce et d’industrie (DIHK), plusieurs entreprises allemandes ont reçu des lettres de l’ambassade américaine à ce sujet.

En France, l’ambassade des Etats-Unis a également adressé à de grandes entreprises françaises une lettre les enjoignant à mettre fin à leurs politiques en matière de diversité et d’inclusion (DEI). Une “ingérence inacceptable” pour le Medef. Pour le Mouvement Impact France, qui a fermement condamné ces pressions, “les politiques de DEI constituent des leviers stratégiques de performance et de productivité essentiels pour les entreprises”. Mais en off, plusieurs grandes entreprises indiquent qu’elles regardent attentivement comment l’évolution du contexte réglementaire aux Etats-Unis pourrait influencer leurs filiales sur place.

Droits de douane, menaces : les entreprises françaises tétanisées face à la pression de Donald Trump

Face à la pression de l’administration Trump, d’autres entreprises européennes ont déjà fait marche arrière sur leur programme de DEI. Le géant pharmaceutique suisse Roche a ainsi abandonné ses mesures en matière de diversité et d’inclusion. De même, UBS a renoncé à son objectif de consacrer 30% des postes de direction à des femmes d’ici à 2025. Novartis, autre mastodonte pharmaceutique suisse a fermé son site consacré au sujet. Il faut dire que ces poids lourds suisses sont largement présents outre-Atlantique. Le fabricant de jouets danois Lego a quant à lui supprimé les termes relatifs à la diversité de son rapport annuel sur le développement durable de 2024.

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