Pour la célèbre marque de verres à eau de cantine, c’est la douche froide. L’entreprise vient de solliciter l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce d’Orléans. Le verrier français, qui produit des articles de vaisselle en verre depuis 1945 et emploie environ 230 salariés, traverse une nouvelle crise.
“La direction n’a pas eu d’autres choix que de prendre cette décision afin de préserver les intérêts de la société” assure New Duralex International (NDI) exploitant de la célèbre marque, qui cherche donc un repreneur pour les activités du groupe, et notamment son usine historique de la Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret.
Une entreprise fragile plombée par la crise énergétique
Duralex, qui était déjà très fragilisée depuis une vingtaine d’années par les dépôts de bilan et les rachats successifs, avait été frappée de plein fouet par la crise énergétique. La hausse des prix du gaz et de l’électricité à partir de 2022, liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, avait eu un impact considérable sur l’entreprise, dont les usines sont de grosses consommatrices d’énergie. Le président de Duralex José Luis Llacuna dénonçait alors “des conditions financières de production conjoncturelles très défavorables liées au prix de l’énergie” : la part des dépenses énergétiques dans le chiffre d’affaires du groupe était passée d’environ 6% à 40%.
Dans l’impasse, incapable de tenir ces coûts, la direction annonçait alors en octobre 2022, la mise en pause des fours de l’usine historique de l’entreprise “pour préserver l’avenir de la société”. Avec plus de 250 employés au chômage partiel, l’entreprise avait bénéficié du soutien financier de l’Etat pour traverser la crise : près de 15 millions d’euros avaient été prêtés à l’entreprise par les pouvoirs publics.
En puisant dans ses stocks pour maintenir ses ventes, Duralex avait tout juste tenu le coup. C’est il y a pratiquement un an jour pour jour, en avril 2023, après cinq mois d’arrêt, que l’entreprise avait finalement pu redémarrer son activité. A la faveur de la normalisation des prix de l’énergie, la production avait pu reprendre progressivement, malgré près de 2 millions d’euros de pertes.
Inflation, dette : de “nouvelles difficultés”
Mais depuis, “de nouvelles difficultés attribuables à l’inflation, à un environnement de consommation en fort retrait et à une concurrence exacerbée” ont émergé, précise l’entreprise dans un communiqué. Comme pour de nombreuses entreprises industrielles, la hausse du coût de l’énergie et des matières premières ont été un choc pour les chaînes d’approvisionnement. La crise du pouvoir d’achat a également eu pour conséquence “une baisse de la demande”, généralisée dans le secteur. En outre, Duralex vient tout juste d’être condamnée, en mars dernier, à payer les droits à polluer qui n’avaient pas été réglés par les précédents gestionnaires. Des quotas de CO2 issus du marché européen du carbone, dont la valeur s’élèverait, selon l’entreprise, à près d’1,3 million d’euros. Une facture qui a encore contribué à plomber le bilan du groupe.
“Quand on voit que les commandes ne sont pas là, quand on voit qu’on commence à être tendu à tous les niveaux, on est rattrapé par la réalité,” concède ainsi François Dufranne, délégué syndicat CGT chez Duralex. Avec cette demande de procédure de redressement judiciaire, ce sont plus de 200 emplois qui sont menacés. De son côté, l’Etat a annoncé être “mobilisé pour soutenir Duralex”, et la préfète du Loiret a précisé qu’“une réunion des partenaires sera organisée pour faire un point de la situation et examiner toutes les pistes envisageables pour rechercher une solution”.