Publié le 28 mars 2018
SOCIAL
#FrenchImpact Les Canaux, le nouveau QG de l’économie sociale et solidaire à Paris
Chaque semaine, Novethic vous fait découvrir un acteur clé du monde de l’économie sociale et solidaire (ESS) désormais rassemblé sous la bannière French Impact. Aujourd'hui, allons visiter les Canaux, nouveau lieu dédié aux économies solidaires et innovantes impulsé par la Ville de Paris. Ici, se croisent entrepreneurs, startupers, créateurs ou encore enfants du quartier dans un décor recyclé très branché.

@Benoit Florençon/Les Canaux
Bienvenue aux Canaux. "La maison de tous les acteurs économiques qui placent au cœur de leur stratégie l’humain et la planète", résume Manon Royer, responsable événementiel du lieu. Abandonné depuis dix ans, le bâtiment situé sur les bords du canal de l’Ourcq, au nord de la capitale, accueillait jusqu’à la fin du 19e siècle l’administration des canaux parisiens.
Il entame aujourd’hui une deuxième jeunesse. Dans cet espace de 1 000 m², 95 % des déchets liés au chantier de rénovation ont soit été réutilisés dans la cadre du nouvel aménagement soit recyclés. Et tout le reste est issu de la valorisation.
Rien de neuf donc ici. Les vieilles portes de placard ont été suspendues au plafond pour améliorer l’insonorisation. Des néons des années 80 ont été assemblés pour former de nouvelles lampes. Les lustres sont faits à partir de papier sulfurisé non utilisable. La moquette a été réalisée à partir de bouteilles plastique recyclées. Les chaises sont d’anciennes lattes de sommiers. Les fauteuils sont des barrières Vauban pliées, et les poufs sont en toile de montgolfières.
Les bureaux ont, quant à eux, été faits à partir de bois retrouvé à la cave et des fresques murales ont été conçues à partir de déchets plastique et de filets de pêche récupérés dans la nature.
Épicentre d’une révolution
Le lieu, inauguré en grande pompe en novembre dernier, s’est fixé une triple mission : sensibiliser, accompagner et créer du business. Il s’adresse à la fois au grand public et aux acteurs de l’économie sociale et solidaire au sens large. Au rez-de-chaussée, cet après-midi là, ce sont les enfants d’une école du quartier qui sont venus assister à une pièce de théâtre sur l’utilisation de l’eau. Plus tard dans la soirée, une conférence sera organisée avec des associations.
Les Canaux, c’est aussi un point de rencontre pour les entrepreneurs de ces nouvelles économies, de façon ponctuelle, ou plus pérenne. La résidence des startups accueille pendant un an des projets à impact (Le Chaînon manquant, Universal Love, AMP Avocats…). Au 1er étage, le bâtiment renferme aussi les bureaux du C40, le réseau mondial des villes engagées pour le climat, dirigé par Anne Hidalgo, et le Yunus Centre Paris, créé par le Prix Nobel de la Paix 2006, pionnier du microcrédit.
"Notre ambition avec cette maison, c’est un peu d’en faire l’équivalent pour l’ESS de ce qu’a été le garage de la famille Hewlett Packard pour la Silicon Valley. C'est-à-dire l’embryon d’une nouvelle économie, l’épicentre d’une révolution", espère Elisa Yavchitz, la directrice de l'association Les Canaux. "Au-delà de la capitale, nous souhaitons rayonner en France et à l’international et initier un réseau de lieux comme le nôtre", complète Manon Royer.
Agora
Autre particularité de cette "Maison des Économies Solidaires et Innovantes" : la gouvernance. Le projet et ses orientations ont en effet été décidés de façon collaborative avec notamment la mise en place d’une Agora ouverte à tous. "L’une des thématiques les plus prégnantes de ces concertations a été l’accompagnement des structures. C’est pourquoi nous développons toute une offre en ce sens", explique Manon Royer.
Des formations gratuites sont ainsi dispensées trois par semaine en moyenne sur des sujets très concrets tels que les demandes de subventions, le prototypage d’un site Internet ou la communication sur les réseaux sociaux. Le programme "social starter" permet, quant à lui, d’orienter les jeunes pousses vers les bons incubateurs à l’occasion de speed-meeting améliorés. Une centaine d’entrepreneurs seront ainsi accompagnés cette année. Et en juin prochain, dix d'entre eux vont pouvoir tester leur commerce pendant quinze jours.
D’autres projets sont dans les cartons : le mécénat de compétences entre salariés de l’ESS et salariés classiques, la formation de jeunes issus de quartiers prioritaires ou encore la mise en place d’un booster par filière. Car si c’est le social et le solidaire qui priment, il s’agit malgré tout d’être viable économiquement.
Concepcion Alvarez, @conce1