Publié le 04 octobre 2022
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Malgré le boycott de Qatar 2022, l’Arabie Saoudite remporte l’organisation des jeux d’hiver asiatiques
Le Conseil olympique asiatique a attribué l’organisation des Jeux d’hiver asiatiques 2029 à l’Arabie Saoudite. La compétition sportive se tiendra à Trojena, une station de montagne bâtie de toute pièce. Le coût environnemental du projet et la crainte sur les violations des droits humains ne sont pas sans rappeler la polémique sur l’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar. Le boycott de l’événement qui se tiendra en novembre prochain commence à prendre de l’ampleur, plusieurs villes de France ayant décidé de ne pas le diffuser.

@capture d'écran
Le Conseil olympique asiatique a tranché. Il a confié l’organisation des futurs Jeux d’hiver 2029 à l’Arabie Saoudite, un pays pourtant peu connu pour ses monts enneigés et sa pratique des sports sur glace. "Les déserts et les montagnes d’Arabie Saoudite deviendront bientôt un terrain de jeu pour les jeux d’hiver !", s’exclame cependant sur Twitter le Conseil olympique d’Asie. L’impact environnemental de la tenue de sports d’hiver dans un désert ne semble pas avoir été pris suffisamment en considération par l’instance organisatrice.
BREAKING NEWS
The deserts & mountains of #SaudiArabia will soon be a playground for Winter sports!#NEOMTrojena city has been unanimously chosen to host the 2029 #AsianWinterGames by delegates at the #41stGeneralAssembly. #Announcement @saudiolympic @NEOMTROJENA pic.twitter.com/sH154g2LUI— Olympic Council of Asia (@AsianGamesOCA) October 4, 2022
Il y a pourtant un précédent. L’attribution, en 2010, de l’organisation de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar avait déjà suscité la colère des organisations environnementales. Le pays, où les températures atteignent régulièrement les 40°C, a dû construire sept stades climatisés pour accueillir l’événement, ce qui nécessitera des dépenses énergétiques considérables. Amnesty International a par ailleurs souligné les nombreuses atteintes aux droits humains dont sont victimes les ouvriers sur les chantiers de construction des infrastructures sportives au Qatar.
Plusieurs villes refusent de diffuser la Coupe du monde
Alors que la date de lancement de la Coupe du monde approche, la grogne commence à se faire plus vive. Un mouvement de boycott de la Coupe du monde, lancé depuis l’été, commence ainsi à prendre de l’ampleur. Des personnalités, comme l’acteur Vincent Lindon, mais aussi un journal, le Quotidien de la Réunion, ont déclaré qu’ils ne suivraient pas les matchs. Plus récemment, plusieurs grandes villes françaises (Bordeaux, Lille, Marseille, Nancy, Paris, Reims, Saint-Étienne) ont annoncé qu’elles ne diffuseraient pas les compétitions, en raison des conditions sociales et écologiques dans lesquelles est organisée la Coupe du monde.
Les jeux d’hiver en Arabie Saoudite doivent quant à eux se tenir en 2029. Mais d’ici là, l’émirat va entreprendre des travaux pharaoniques pour réaliser les infrastructures nécessaires pour accueillir près d’une cinquantaine de disciplines différentes (ski, patinage artistique, snowboard, etc.). L’attribution des jeux d’hiver au royaume vient en effet se greffer sur un projet d’urbanisation du désert porté par Mohammed ben Salmane, le prince héritier. Baptisé Neom, il vise à construire de toute pièce une ville futuriste dans le nord du pays baptisée "The Line" et composée de deux bâtiments de 170 kilomètres de long. À proximité de cette "smart city", le royaume veut construire une station de loisirs dans les montagnes, baptisée Trojena.
Risques d’atteintes aux droits humains
Cette station bénéficie de températures inférieures de 10°C à celles du reste du pays, affirment les responsables du projet. À son lancement en mars dernier, Mohammed ben Salmane assurait même que la construction de la station de montagne serait "basée sur les principes de l’écotourisme, mettant en avant nos efforts pour préserver la nature". Le bilan carbone de la construction de toute pièce d’une ville futuriste au milieu du désert et de la station de tourisme risque pourtant d’être particulièrement déséquilibré.
Les ONG pointent également les atteintes aux droits humains en Arabie Saoudite, comme pour le Qatar. Amnesty International déplore ainsi les arrestations des défenseurs de droits humains dans le royaume. L’ONG explique également dans son rapport sur la situation des droits humains en Arabie Saoudite en 2021, que le système de la "Kafala", même s’il a été assoupli, contribue toujours à exposer les travailleurs migrants à des violences et de l’exploitation. Ce système de parrainage, qui permet notamment à un employeur d’empêcher l’employé de quitter le pays, a été particulièrement décrié dans la construction des infrastructures de la Coupe du monde au Qatar.
Arnaud Dumas, @ADumas5