Publié le 14 septembre 2022
SOCIAL
L’appel au boycott de la Coupe du monde de football prend de l’ampleur
Le Quotidien de La Réunion a décidé de ne pas couvrir la Coupe du monde de football qui se déroulera au Qatar à partir du 21 novembre. La rédaction du journal local a décidé de boycotter l’événement sportif en raison des atteintes aux droits humains dans son organisation et de son empreinte carbone générale. Plusieurs ONG appellent également à sensibiliser le monde du football sur ces aspects.

@CCO
La déclaration de l’acteur Vincent Lindon, lors d’une interview télévisée, fait des émules. Il avait déploré le non-sens écologique de l’organisation de la Coupe du monde de football au Qatar cet hiver et expliqué qu’il ne la suivrait pas. Cette fois, un journal de La Réunion a annoncé qu’il en ferait autant. Le Quotidien de La Réunion a écrit sur sa Une "Sans nous", sur fond de stade de football vide. La rédaction ne couvrira pas l’événement sportif en raison "des atteintes intolérables à la dignité, aux libertés humaines, aux minorités, à la planète".
Le journal local n’écrira pas d’articles sur la compétition sportive et ne passera pas de publicité en lien avec la Coupe du monde non plus. Mais les aspects sociaux et environnementaux seront couverts. "Notre journal boycottera tout ce qui est en lien avec l’événement sportif, mais relayera les informations en lien avec les problématiques écologiques et humaines portées par la compétition", a ainsi déclaré Vincent Vibert, le directeur du Quotidien de La Réunion. Il défend ce choix de la rédaction par le respect de sa ligne éditoriale qui "défend des valeurs de respect, de bienveillance, d'engagement, d'indépendance et de liberté d'expression".
Appel des ONG contre la Coupe du monde
Vincent Lindon espérait que des footballeurs lui embrayent le pas, ce qui n’a pour l’instant pas été le cas. Philipp Lahm, un ancien joueur international allemand et désormais président de l’organisation de l’Euro 2024, a déclaré qu’il ne se rendrait pas au Qatar en raison du non-respect des droits humains dans l’organisation de la Coupe du monde. Éric Cantona a quant à lui déclaré dans une lettre : "je ne regarderai pas un seul match de cette coupe du monde", en espérant faire "réfléchir tous mes amis footeux". Côté joueurs en activité, c'est surtout l'ironie de l'entraîneur du PSG et de son joueur phare, Kylian Mbappé, face à l'utilisation de jets privés pour des déplacements qui a retenu l'attention.
Les ONG se positionnent en revanche sur l’événement. Amnesty International a lancé une pétition "Qatar 2022, les droits humains ne doivent pas être hors-jeu !", signée par plus de 48 000 personnes. L’ONG avait publié un rapport en mai dernier sur les violations des droits humains dont plusieurs centaines de milliers d’ouvriers seraient victimes sur les chantiers de la Coupe du monde. L’ONG interpelle à ce titre la Fédération internationale de football et son homologue français pour les sensibiliser sur le respect des droits humains au Qatar.
Nous sifflons le penalty et brandissons nos cartons rouges devant ce footage de gueule ! Quand coupe du monde rime avec immonde il y a de quoi s’inquiéter..
Pourquoi nous appelons au boycott ?— Youth For Climate France (@Youth4Climatefr) September 9, 2022
Une autre campagne a vu le jour, initiée par le maquis Alsace-Lorraine, un collectif local, rejoint par Extinction Rebellion et Youth for Climate France. Intitulée "Carton rouge pour le Qatar", elle appelle à l’annulation de l’événement. Dans un fil sur Twitter, Youth for Climate France explique pourquoi l’organisation appelle au boycott de la compétition, citant les personnes mortes sur les chantiers, les atteintes aux droits humains ou encore l’empreinte carbone de l’événement.
Les sept stades climatisés construits à l’occasion de cette Coupe du monde ont particulièrement fait réagir, en raison de la dépense énergétique nécessaire pour cela. Le concepteur de ces stades, Saud Abdulaziz Abdul Ghani, explique que les stades seront alimentés par une ferme de panneaux solaires. Mais l’explication peine à convaincre.
Arnaud Dumas, avec AFP