Publié le 26 janvier 2021
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Amazonie : Le chef autochtone Raoni porte plainte contre Jair Bolsonaro pour crimes contre l’humanité
Figure emblématique de la lutte contre la déforestation, le chef autochtone Raoni a porté plainte vendredi 22 janvier contre le président brésilien pour crimes contre l’humanité devant la Cour pénale Internationale. Il alerte notamment sur une politique d’État qui encourage la destruction croissante de leur habitat, et la dégradation des droits des populations indigènes au Brésil.

Sergio LIMA / AFP
Déjà en juillet 2020, le chef autochtone Raoni Metuktire accusait le président brésilien Jair Bolsonaro de profiter de la pandémie de Covid-19 pour laisser mourir son peuple. Cette fois, les accusations envers le chef d'État prennent un nouveau tournant. Aux côtés de son homologue, Almir Surui, chef des Paiter-Surui, le célèbre défenseur de la forêt amazonienne a porté plainte ce vendredi 22 janvier contre le président brésilien et plusieurs ministres pour crimes contre l'humanité, devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye (Pays-Bas).
Les plaignants dénoncent une dégradation alarmante des droits des peuples autochtones depuis l'investiture du président en 2019. " La destruction de la forêt amazonienne s'est accélérée sans commune mesure : augmentation de la déforestation de 34,5 % en un an, taux d'assassinat de leaders autochtones le plus élevé depuis ces onze dernières années, effondrement et menaces des agences environnementales..." ont-ils résumé dans la plainte révélée par le journal Le Monde samedi 23 janvier.
Selon eux, la politique du gouvernement mène а des "transferts forcés de population" , des "persécutions " et des " meurtres ", qui, selon les critères établis par la CPI, constituent des "crimes contre l'humanité ". Depuis 2002, la CPI traite des affaires les plus graves à l’échelle internationale - actes de génocide, crimes de guerre...- lorsque les autorités nationales ne peuvent ou ne souhaitent pas engager de poursuites.
Preuves à l'appui
Un dossier de 65 pages, rédigé par l'avocat français William Bourdon, rassemble 21 pièces à convictions, parmi lesquelles des preuves scientifiques et des accusations d'ONG et d'institutions internationales. Sont notamment dénoncés la suspension du démarquage des territoires autochtones, le projet de loi présenté en février 2020 au Congrès brésilien pour ouvrir les zones protégées à l'exploitation minière, hydroélectrique et agricole, et les assassinats de sept chefs indigènes restés jusqu’alors impunis.
La plainte met également en avant l'idée que la déforestation "constituerait un danger direct non seulement pour les Brésiliens mais également pour toute l’humanité". La forêt amazonienne est en effet un puit majeur de CO2 et un réservoir de biodiversité. Si l'accusation a obtenu un écho médiatique important, rien n’est pourtant garanti : dans les faits, la Cour pénale internationale n'est pas dans l'obligation d’ouvrir une enquête.
Pauline Fricot, @PaulineFricot