Publié le 05 octobre 2020
SOCIAL
L’Europe appelée à créer une "pharmacie européenne d’urgence" pour assurer sa sécurité sanitaire
Pénurie de masques, antibiotiques périmés, antiviraux insuffisants... Le Covid-19 a mis en lumière la mauvaise gestion des stocks en matière de santé. Pour que cette situation ne se reproduise plus, le Parlement européen appelle à créer une "pharmacie européenne d'urgence" soit une réserve de médicaments d'importance stratégique. Mais pour l'heure chaque pays se bat pour regagner sa souveraineté sanitaire.

CC0
C’est une des révélations du Coronavirus : la France n’avait plus de stock de masques dans les placards. En tout cas pas assez pour faire face à l'épidémie. Et il n'y a pas que les masques qui sont concernés. Selon des informations confidentielles transmises par Santé publique France à la commission d’enquête de l’Assemblée nationale révélées par Le Monde, la faiblesse des stocks concernait aussi les antibiotiques et les antiviraux… Les stocks ont périmé avant que de nouvelles commandes soient passées. une anomalie qui pose question quant à l’extrême dépendance de la France et de l’Europe pour les médicaments de base.
La santé, une "arme géostratégique"
C’est dans cette perspective que le Parlement européen a adopté une résolution demandant à l’Union européenne de créer une "pharmacie européenne d’urgence". Cette réserve de médicament d’importance stratégique permettra de minimiser les risques de pénuries. "La santé publique est devenue une arme géostratégique qui peut mettre un continent à genoux", a prévenu la rapporteure Nathalie Colin-Oesterlé. Aujourd’hui, 40 % des médicaments commercialisés dans l’Union proviennent de pays étrangers et 60 à 80 % des ingrédients pharmaceutiques actifs sont produits en Chine et en Inde.
Mais en attendant ce grand mouvement européen, Emmanuel Macron veut reconquérir la "souveraineté sanitaire et industrielle" de l’Hexagone. Il a inscrit ces deux objectifs dans son plan de relance destiné à construire la France de 2030. 15 milliards du plan de relance seront consacré à cette relocalisation qui a déjà commencé dans les Hauts-de-Seine, à Villeneuve-la-Garenne. Le chef de l’État est venu lui-même inauguré la nouvelle unité de production de la société Sequens qui va fabriquer du Propofol, un anesthésiant utilisé dans les respirateurs qui est aujourd’hui fabriqué en Asie.
Le "nationalisme du vaccin" contre le multilatéralisme
La bataille la plus vive aujourd’hui se joue sur le terrain du vaccin qui pourrait mettre un terme à la pandémie de Covid-19. Le laboratoire français Sanofi a annoncé investir 610 millions d’euros dans la création d’un nouveau site de vaccin dans l’Hexagone. Le Parlement européen, tout comme la France, veut que ce futur vaccin devienne un "bien mondial de l’humanité" qu’il faudra rendre "disponible, accessible et abordable pour tous", écrivaient Angela Merkel et Emmanuel Macron le 1er mai. Mais le multilatéralisme n’est pas vraiment la tendance du moment.
Les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni… selon l’ONG Oxfam, les pays riches, représentant 13 % de la population mondiale, ont déjà réservé la moitié des potentiels futurs vaccins contre le Covid-19. Or ce "nationalisme du vaccin n’abrégera pas la pandémie mais la prolongera", a prévenu l’organisation mondiale de la santé. Car, on l’a vu depuis le début de l’apparition du Covid-19, le virus ne s’arrête pas aux frontières et s’est répandu à la vitesse grand V dans le monde entier.
Marina Fabre, @fabre_marina