Publié le 20 janvier 2022
SOCIAL
L’Assemblée nationale reconnait le "génocide" des Ouïghours par la Chine
Crimes contre l'humanité et génocide. Deux qualificatifs de la répression contre le peuple ouïghour en Chine que les députés français viennent enfin de reconnaitre dans une résolution adoptée ce 20 janvier. De quoi brouiller un peu plus les rapports avec Pékin à quelques jours de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver.

@Assemblée nationale
À deux semaines de l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, c’est un signal fort que viennent d’envoyer les députés français. L’Assemblée nationale a en effet adopté, jeudi 20 janvier, une résolution dénonçant le génocide des Ouïghours par la Chine. Précisément, la résolution porte sur la "reconnaissance et la condamnation du caractère génocidaire des violences politiques systématiques ainsi que des crimes contre l’humanité actuellement perpétrés par la République populaire de Chine à l’égard des Ouighours".
Depuis plus de deux ans maintenant, les défenseurs des droits humains accusent Pekin de persécuter la minorité musulmane ouïghoure. Plus d’un million d’entre eux seraient internés dans des camps de travail forcé. Le texte, sans portée contraignante, a été lancé par le groupe socialiste. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a défendu quelques heures plus tôt cette résolution disant rêver d’une "Assemblée unanime. Une Assemblée où chacun d’entre nous en votant cette résolution, fasse résonner jusqu’au Xinjiang, la voix de l’humanisme et de l’universalisme des droits humains".
Ca y est ! Nous avons réussi ! La France a honoré ses valeurs ! C'est un vote historique ! Le peuple ouïghour vous remercie, ne vous oubliera. Je remercie avant tout à mon équipe, au @socialistesAN, aux amis humanistes et aux jeunes de nos groupes locaux. C'est notre victoire ! https://t.co/nJU6clrFdh
— Dr. Dilnur Reyhan (@DilnurReyhan) January 20, 2022
Violences sexuelles, stérilisation forcée, travail forcé, séparation des enfants de leur famille… les témoignages des Ouïghours persécutés racontent l’horreur. L’eurodéputé Raphael Glücksmann, qui a porté le sujet au niveau international, s’est dit "fier" après "des années de lutte" que "notre représentation nationale reconnaisse et dénonce le génocide des Ouïghours. Parfois, la politique transcende les clivages partisans et touche à l’essentiel. Maintenant il faut que les actes suivent".
La France ne boycottera pas les JO
Si les députés ont majoritairement voté pour cette résolution (à l’exception de la France Insoumise et des communistes qui se sont abstenus), le gouvernement lui, s’était positionné contre. Le ministre chargé du Commerce extérieur, Franck Riester, a évoqué des "violences systématiques" et des "témoignages accablants", mais fait valoir que la qualification formelle de génocide relevait d'instances internationales, pas du gouvernement. Il a assuré que le sort de cette communauté était "évoqué au plus haut niveau" lors des entretiens avec les officiels chinois.
La veille, lors de son discours devant le Parlement européen, le Président Emmanuel Macron avait annoncé qu’il n’y aurait "pas d’accord d’investissement avec la Chine s’il n’y avait pas de ratification" de plusieurs conventions de l’Organisation international du travail (OIT) contre le travail forcé par exemple. Quant aux Jeux olympiques d’hiver de Pekin, malgré le boycott diplomatique de plusieurs pays dont les Etats Unis, le Royaume-Uni ou le Canada, la France a toujours refusé d’y participer.
Le Président Emmanuel Macron avait appelé à "dépolitiser" les JO ajoutant qu’il fallait être "clair" : "soit on fait un boycott complet, on n’envoie pas les athlètes, soit on essaie de réengager les choses et d’avions une action utile".
Marina Fabre Soundron @fabre_marina avec AFP