Publié le 27 août 2021

SOCIAL

Le Nasdaq veut imposer plus de diversité dans les conseils d’administration des entreprises américaines

L’opérateur boursier américain veut bousculer les conseils d’administration. Le Nasdaq va demander aux entreprises cotées sur sa plateforme de dévoiler la composition de leur instance dirigeante en fonction de l’origine ethnique, du genre et de l’orientation sexuelle. Il veut à terme que les entreprises accordent aux moins deux sièges, l’un à une femme l’autre à une personne issue d’une minorité ethnique ou de la communauté LGBTQ.

Conseil d administration reunion CCO
Les conseils d'administration des entreprises du Nasdaq vont devoir intégrer au moins une femme et une personne issue de minorités sous-représentées.
@CCO

Le Nasdaq veut des conseils d’administration un peu plus représentatifs de la société américaine. La place financière américaine, sur laquelle de nombreuses entreprises de la tech sont cotées, a annoncé que les entreprises listées sur ses marchés devraient désormais communiquer sur la composition de leurs conseils d’administration. Et la faire évoluer si celle-ci n’est pas suffisamment diversifiée.

Les entreprises américaines partent de loin. Selon des chiffres compilés par ISS Corporate Solutions à partir des données d’un peu plus de 2200 entreprises divulguant la composition de leur conseil d’administration, plus d’un tiers d’entre elles n’ont pas d’administrateur issu d’une minorité ethnique. Et une sur dix ne compte pas de femme siégeant au conseil.

Aucune loi fédérale n’oblige pour le moment de faire un reporting sur la composition du conseil d’administration, et encore moins de le diversifier. La décision du Nasdaq, qui a été approuvée début août par le gendarme américain des marchés financiers, s’explique notamment par la pression grandissante qu’exercent les actionnaires sur les entreprises. De plus en plus d’investisseurs veulent en effet placer leurs fonds dans des entreprises respectant les minorités.

Un reporting en 2022

En France, la loi Copé-Zimmermann de 2011 impose des quotas de femmes dans les conseils, avec un minimum de 40 %. Dix ans plus tard, le système de quotas a fonctionné, le taux de féminisation des conseils des sociétés cotées dépassant les 45 % selon le baromètre 2021 de l’Institut français des administrateurs et d’Ethics & Boards. En revanche, aucune mesure de la diversité n’est réalisée, les statistiques ethniques n’étant pas autorisées.

Le Nasdaq est encore loin d’imposer des quotas. L’opérateur boursier américain demande dans un premier temps aux quelque 4 000 entreprises opérant sur sa plateforme de faire dès l’année prochaine un reporting sur la composition raciale et de genre de leur conseil et, le cas échéant, d’expliquer pourquoi il n’est pas diversifié. Puis il laisse un délai, de deux à cinq ans en fonction des entreprises, pour recruter de nouveaux administrateurs, en restant toutefois timide sur le quota de diversité…

Mesure timide mais importante

Le Nasdaq demande au minimum qu’une femme et qu’une personne issue d’une minorité ethnique ou identifiée à la communauté LGBTQ siège au conseil dans les grands groupes. Les plus petites entreprises, dont le conseil d’administration ne dépasse pas six personnes, pourront se contenter de n’accorder qu’un seul siège soit à une femme, soit à une personne de couleur. Si la mesure apparaît encore timide, il s’agit néanmoins d’un pas important fait en direction de plus de diversité et de mixité dans les instances dirigeantes des entreprises américaines. De nombreuses entreprises vont devoir se lancer dans le recrutement de nouveaux administrateurs.

Une plus grande mixité dans les conseils d’administration ne suffit toutefois pas à assurer l’égalité entre les femmes et les hommes. À Londres, une étude de New Street Consulting Group révèle que les femmes administratrices des sociétés de l’indice boursier FTSE-100 gagnent 73 % moins que leurs homologues masculins. Ceux-ci bénéficient plus souvent des fonctions de direction exécutives les plus rémunératrices, en plus de leur statut d’administrateur. Et même quand les femmes ont également une fonction de direction, leur rémunération demeure inférieure à 1,5 million de livres en moyenne, contre 2,5 millions pour les hommes.

Arnaud Dumas, @ADumas5


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