Publié le 04 mai 2022
SOCIAL
Pâte, viande, huile… l’inflation grimpe sur fond de colère sociale
La facture est salée pour les ménages. L'inflation a provoqué une hausse considérable des prix de certaines denrées alimentaires comme les pâtes, la viande ou la farine. Une situation qui devrait empirer avec la guerre en Ukraine, et qui s'ajoute à l'envolée des prix du carburant. En France, certains spécialistes évoquent un possible retour de mouvement type Gilets jaunes dans quelques semaines alors que la colère sociale monte partout dans le monde.

INA FASSBENDER / AFP
+15,3 % sur le prix des pâtes en un an, +11,3% sur la viande, +10,9% sur la farine, +10% sur l’huile… les prix des denrées alimentaires ne cessent d’augmenter, selon les dernières données de la société d’analyse IRI. Les produits dits "cœur de courses" sont les plus touchés par l’inflation. En cause : les aléas climatiques qui ont eu lieu en 2021 comme la sécheresse au Canada ou les inondations en Asie du sud qui ont réduit la production d’huile de palme. Le Covid-19 a également pesé dans la balance. La pandémie a en effet ralenti les chaînes d’approvisionnement et créé de fortes tensions. Face à cette envolée des prix, les comportements d’achats des Français changent.
"Deux grandes tendances se dessinent chez les consommateurs. Ceux qui achètent moins pour absorber un peu l’inflation avec une réduction des produits plaisirs comme les confiseries, les produits d’hygiène ou de beauté, et ceux qui achètent moins cher. Ces derniers se tournent vers des marques distributeurs, du discount. On voit d’ailleurs que les premiers prix sont en forte croissance", explique Emily Mayer, spécialiste des produits de grande consommation à l’institut IRI. Une situation qui vient un peu plus freiner la consommation des produits bios, 40 à 45 % plus chers que le conventionnel, qui décrochait déjà depuis 2021. Et, globalement, les prévisions pour les mois à venir ne sont pas bonnes.
Le FMI craint des "troubles sociaux"
Avec la guerre en Ukraine, l’IRI estime que l’inflation des produits alimentaires va monter à +5 % d’ici l’été, atteignant des niveaux que la France n’avait plus connus depuis 2008. Combiné à une hausse des prix de l’énergie, la facture est salée. Selon l’Insee, les ménages habitants à la campagne ont ainsi vu leur budget carburant augmenter de 1 550 euros. Une situation qui pourrait faire ressurgir un mouvement type Gilets jaunes dans les mois à venir, explique le politologue Jérôme Fourquet sur RTL. "La crise des gilets jaunes a débuté moins d’un an et demi après l’élection de 2017. Le prix du litre d’essence était à 1,40 euro Aujourd’hui on est aux alentours de 2 euros", poursuit-il assurant que "la question du pouvoir d’achat est centrale".
Si la situation est surveillée comme du lait sur le feu en France, la grogne monte dans plusieurs pays dont la Grèce, où une grève générale de 24 heures a été lancée le 2 mai pour protester contre la flambée des prix. Au Pérou, dès le début du mois d’avril le président Pedro Castillo a déclaré l’état d’urgence pour calmer la contestation nourrie par la hausse des prix du carburant. En Afrique, le Fonds monétaire international craint que la guerre en Ukraine accroisse "les risques de troubles sociaux". Il écrit dans une note : "Les craintes à l’égard de la sécurité alimentaire se sont nettement accentuées avec la guerre en Ukraine et l’explosion des prix des denrées alimentaires".
Face à la mobilisation, plusieurs pays ont annoncé une augmentation des salaires. C’est le cas de l’Algérie et du Maroc. Alors que ce dernier est frappé par une sécheresse historique qui impacte durement son agriculture, les prix de l'alimentation et des carburants, dopés par la guerre en Ukraine, s’envolent. Un "accord social" a été signé le 30 avril avec les syndicats et le patronat pour revaloriser le salaire minium dans le privé et le public. En France aussi cette question est épineuse. La tension monte dans les entreprises alors que le Smic a été revalorisé trois fois en moins de six mois. Or, le niveau du Smic a rattrapé, même dépassé le niveau des plus bas salaires dans certaines branches comme le textile ou la coiffure. Les négociations s'annoncent tendues.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina