Publié le 03 décembre 2017
SOCIAL
[LE CHIFFRE] D’ici 2030, 375 millions de travailleurs vont devoir changer de métier à cause de l’automatisation
La nouvelle étude de McKinsey sur les conséquences de l’automatisation sur l’emploi estime que 375 millions de travailleurs devront changer de métier en 2030. Une transformation d’une ampleur jamais vue depuis celle qui a touché l’agriculture. Malgré tout, il y aura assez de travail pour maintenir le plein emploi, assurent les experts, mais ils préviennent aussi que les transitions seront très difficiles.

14 % de la main d’œuvre mondiale sera affectée par l’automatisation à l’horizon 2030, soit 375 millions de travailleurs qui vont devoir apprendre de nouvelles tâches, voire de nouveaux métiers. tel est le calcul d'une nouvelle étude du cabinet McKinsey (1). Ainsi, dans plus de la moitié des professions, au moins un tiers des activités pourront être automatisées et 15 % des heures travaillées. En France, cela représente plus de cinq heures par semaine.
Les activités les plus sensibles concernent les travaux physiques comme l'utilisation de machines ou la préparation de repas-minute, mais aussi la collecte et le traitement des données (travail parajuridique, comptabilité, traitement des transactions de back-office…). Le Japon est le pays le plus touché avec la moitié de sa main d’œuvre concernée. L’Allemagne et les États-Unis viennent ensuite avec un tiers des effectifs. En France, ce sont 5,6 millions d’emplois équivalent temps plein qui seraient touchés.
280 millions d’emplois créés
Mais d’un autre côté, 250 à 280 millions d’emplois pourraient être créés grâce à la hausse des revenus sur les seuls biens de consommation, avec des effets dans les pays où les revenus sont générés, mais aussi dans les économies qui exportent vers ces pays. Ainsi, 8 à 9 % de la demande de main-d'œuvre à l'horizon 2030 est attribuable à de nouveaux types de professions qui n'existent pas encore.
L'automatisation aura par ailleurs un effet moindre sur les tâches qui impliquent la gestion des personnes, l'expertise et les interactions sociales. Une nouvelle demande importante pourra être créée pour toute une gamme de professions, y compris les médecins, les infirmières et les techniciens de la santé. Les emplois liés au développement et au déploiement de nouvelles technologies peuvent également croître, de même que ceux liés aux énergies renouvelables. "Là où les machines ne parviennent pas à égaler les performances humaines… pour l'instant", précise l’étude.
En général, les niveaux éducatifs des professions susceptibles de croître sont plus élevés que ceux des emplois supplantés par l'automatisation. Dans les économies avancées, les professions qui exigent seulement une éducation secondaire voient une baisse nette dû à l'automatisation, tandis que les professions nécessitant des diplômes universitaires plus élevés se développent.
Assez d’emplois pour tout le monde ?
"Les changements pourraient être d'une ampleur inégalée depuis la transition qu’a connue l'agriculture au début des années 1900 ou encore l’industrie, alerte le cabinet McKinsey. Aujourd'hui, on se demande de plus en plus s'il y aura assez d'emplois pour les travailleurs, compte-tenu de l'automatisation potentielle. L'histoire suggère que de telles craintes peuvent être sans fondement car les marchés du travail s'adaptent".
Entre 1850 et 2015, l’agriculture a ainsi perdu 56 % de ses effectifs, l’industrie 3,6 % et le secteur minier 1,3 %. Toutefois, précise le cabinet, "le plus grand défi sera de s'assurer que les travailleurs ont les compétences et le soutien nécessaires pour effectuer cette transition vers de nouveaux emplois". "Les pays qui ne parviennent pas à gérer cette transition pourraient voir une augmentation du chômage et une baisse des salaires" alerte McKinsey.
Concepcion Alvarez @conce1