Publié le 16 octobre 2023
Le gouvernement a coupé court à toute discussion. Après avoir reçu le soutien d’élus locaux, le ministre des Transports Clément Beaune a annoncé le redémarrage des travaux pour mener "jusqu’à son terme" le chantier de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Au grand dam des associations écologistes et des scientifiques mobilisés.

"Force restera à la loi et à l’État de droit". Lundi 16 octobre, le gouvernement a pris la décision de poursuivre les travaux "jusqu’à son terme" de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. "L’État est déterminé à faire aboutir ce projet, qui a été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge", a indiqué Clément Beaune, le ministère chargé des Transports.


"Il faut avancer"


La décision de poursuivre les travaux a été prise à la suite d’une réunion vendredi 13 octobre à Castres au cours de laquelle "une large majorité des élus locaux, représentants légitimes du territoire dans notre démocratie, a réaffirmé sans ambiguïté son soutien à l’autoroute". À l’annonce de la tenue de cette réunion, des opposants au projet, dont Thomas Brail, avaient alors décidé de suspendre leur grève de la soif, entamée lundi 9 octobre.
Le député du Tarn Jean Terlier était ressorti de la réunion avec l’assurance qu’il n’y aurait "ni moratoire ni suspension du projet" de l’A69, dont la mise en service est prévue en 2025. Pour Clément Beaune, "un dialogue approfondi a été mené. Le soutien des élus de la République a été réaffirmé. Il faut donc avancer".
Plusieurs recours en justice ont été engagés contre le chantier, pour le moment sans succès, mais certains sont néanmoins toujours en cours. "La règle de droit a été strictement respectée à chaque étape de la procédure. Le juge a écarté jusqu’ici tous les contentieux intentés contre le projet et, récemment encore, une demande de suspension de travaux. Tous les recours suspensifs ont été jugés et rejetés", déclare le gouvernement.

Un appel à la mobilisation


Début octobre, plus de 1 500 scientifiques, dont plusieurs auteurs du Giec, avaient appelé dans une tribune le président de la République Emmanuel Macron à renoncer à ce projet "délétère et injustifiable". Une lettre restée morte. Quelques jours plus tard, la paléo-climatologue et membre du Haut conseil pour le climat, Valérie Masson-Delmotte avait réitéré son appel en affirmant qu’elle ne pouvait "pas rester silencieuse par rapport aux questions que pose ce projet". "Je ressens une grande inquiétude face à l’incapacité de notre société à avoir un dialogue approfondi afin de construire une vision partagée, viable à long terme", avait-elle déclaré dans un entretien à Médiapart.
Pour autant, il n’y a pas de quoi démobiliser les opposants à cette portion d’autoroute de 53 kilomètres, devenue "enjeu national". De son côté, Thomas Brail avait décidé de continuer son action, lançant via Instagram "un appel international à grimpeur" afin d’occuper les arbres encore debout sur le tracé de la future autoroute. Mais lundi en fin d’après-midi, les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation des activistes perchés. Sur X (anciennement Twitter), le collectif La Voie est libre a dénoncé le fait que les grimpeurs étaient "mis en joue par des LBD (lanceurs de balles de défense, ndlr)".


Un week-end de mobilisation sera également organisé les 21 et 22 octobre par le collectif La voie est libre, sans en préciser le lieu exact. Les organisateurs espèrent y accueillir entre 10 000 et 15 000 participants. "Aucune violence, aucune incitation à la violence ne peuvent être tolérées (…) dans le cadre des actions pouvant être menées à titre individuel ou collectif", a d’ores et déjà prévenu le gouvernement, craignant un "Sainte-Soline bis".
Blandine Garot

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